standing tall (duncan)

Le cimetière, ce n'était pas l'endroit par excellence pour se sentir heureux, mais ça avait pour avantage de se sentir vivant dans toute cette folie dans laquelle le monde était plongé désormais. Lizzie s'y rendait de temps en temps pour aller visiter les tombes de ceux qui avaient péris, pour qu'ils ne soient pas oubliés. Certains n'avaient personne pour se souvenir d'eux et de ce qu'ils avaient fait pour aider les gens du camp. Et Lizzie tenait à veiller sur ces personnes vaillantes et courageuses qui avaient permis de faire de l'endroit une place plus sure pour elle et sa famille comme si elle avait eu la chance de les connaitre. Heureusement, pour l'instant, il n'y avait que des gens qu'elle n'avait jamais côtoyé réellement. Elle les avait vu que de loin. Peut-être aurait-elle une autre vision de l'endroit si jamais quelqu'un de proche d'elle tombait? La rouquine préférait ne pas y penser. Voilà pourquoi elle ne laissait personne d'autre entrer dans sa vie. Ce serait trop douloureux. Elle préférait de loin être distante. C'était beaucoup plus facile que d'être triste tout le temps ou de s'inquiéter pour eux.

Il faisait frais cette journée-là malgré le soleil haut dans le ciel. Lizzie avait mis son manteau et s'était dirigée vers l'endroit avec sa soeur jumelle. Lorsqu'elles ne bossaient pas, elles étaient tout le temps ensembles, se protégeant mutuellement et se couvrant les arrières. C'était toujours Lizzie et Madison, jamais l'une sans l'autre, indissociable et fort heureusement. Chacune avait ses points forts et elles se complétaient à merveille. C'était en partie pour cela qu'elles étaient toujours en vie toutes les deux. Les jumelles Westfall avaient réussi à survivre parce qu'elles étaient toutes les deux, et rien de moins. Ce n'était pas grâce à leur père en tout cas. Rien que cette pensée la fit serrer les poings. Lizzie le détestait toujours autant et ce, même si elle savait que leur père se trouvait ici. Elle avait bien réussi à l'éviter jusqu'à présent et c'était très bien ainsi. " Calme toi... je sais à quoi tu penses... tu as besoin d'un peu de temps seule? " demanda Maddie. La rouquine lui fit signe que oui et elle s'éloigna après avoir déposer un baiser sur sa joue. Lizzie était maintenant seule parmi les tombes. Et c'était atrocement calme.

J'ai encore un peu mal. Mal de la veille. Mal de la nuit. Mal de la vie. Mon coeur est meutri. Il est... souffrant. Mais je suis un Westfall, c'est ce que me grognerais mon vieux père s'il serait encore vivant aujourd'hui. Hélas, mes parents furent les premiers à se faire dévorer par les rôdeurs. Aujourd'hui, tout n'était que désolation et je devais vivre avec le deuil de ces personnes qui m'avaient inscrit dans l'histoire : mon histoire.Voir les morts s'accumuler autour de moi était vite devenue une habitude, vous savez. Mais quand la mort survenait à des moments comme celui-ci, quand Echo s'était emparé vicieusement de notre camp, et qu'il avait emporté dans son sillage ma Cirilla, je me suis fermé, fermé dans mon propre petit monde.

Je n'étais plus le mentor de personne, j'étais juste... ce vieux grincheux pour qui la loi importait sur les sentiments. Puis... ah je souriais rien que d'y penser, je revis Olivia. Mon ex femme, vous savez , celle-là qui m'avait jadis brisé le coeur? Oui oui! Elle. Elle est parvenue à me remettre sur pied même si je dus par la suite assommer son assaillant, j'étais heureux de la revoir. Heureux qu'elle soit bien vivante. J'avais cru la perdre elle aussi, comme j'avais cru perdre mes filles. D'ailleurs, je lui avais demandé si mes rouquines étaient bel et bien vivantes mais demanda à leur laisser du temps de s'acclimater à la nouvelle. Ce  que je fis, je laissai le temps passer sans pouvoir les serrer dans mes bras mais j'étais heureux, j'oubliais la souffrance de la perte de Cirilla. Mes bébés, mes petites princesses, étaient là.

Des jours s'écoulèrent sans que je n'en aperçois une ou l'autre. Je me recueillis ce matin-là sur la tombe de Cirilla, déposant des fleurs que j'avais cueilli à l'orée des bois. « Tu me manques Cirilla. Je n'ai jamais pu dire que je t'aimais.... Je t'aime, j'espère que tu m'entends de où tu te trouves j'espère que tu es heureuse » je reniflai bruyamment avant de me relever, secouant par de fait même le sable sur mes vieux jeans rapiécés. C'est alors que je la vis. Elle était seule. Et je n'hallucinais pas. En m'avançant, je pus discerner qu'il s'agissait de Lizzie. Ne vous le demandez pas, un père savait ce genre de choses mais quand il avait affaire à l'une de ses jumelles parfaitement identiques.

Sans vraiment écouter leur mère, je m'avançai avec précaution « Lizzie » l'interpellais-je alors d'un seul souffle , un peu coupé par l'émotion « Je dois attendre que vous soyez prêtes pour venir me parler, c'est votre mère qui m'en a donné l'ordre » Des canines perlèrent mes fines lèvres en observant ma fille avec avidité. Elle était si belle. Tout comme sa soeur, et comme leur mère. « Mais j'attendais ce moment depuis quelques temps déjà, princesse » Je laissai ma phrase en suspens, dans l'attente qu'elle n'incruste ces magnifiques prunelles dans les miennes. Oh Lizzie.