— i've seen worse (event - cullen)

Comment avaient-ils pu se rendre à ce stade ? Les malades se comptaient maintenant par dizaine, et bien que certain semblait se rétablir, le cas de d’autres n’allait pas en s’améliorant. Épuisée, complètement au bout de ses forces, il n’était pourtant pas question pour elle qu’elle ne s’arrête, même pas un instant. Déjà qu’elle ne pouvait plus quitter la quarantaine qui avait été revisité en hôpital, il valait mieux qu’elle se rendre utile, le plus possible. Miraculeusement, elle n’avait pas attrapé cette vilaine grippe qui avait mis une grande partie du camp au lit. Alors elle faisait ce qu’on semblait croire qu’elle faisait le mieux : soigner. Prendre la température de chacun des malades. Apporté à manger. Et même distribuer quelques comprimés pour diminuer les symptômes lorsque besoin. Cette fois-ci, elle ne venait que regarder l’état général de son patient, s’assurer qu’il ne manquait de rien. Et bien sûr, espérer qu’il était en train de se remettre. Doucement, elle entra dans la petite pièce où un homme fin trentaine ou peut-être début quarantaine se trouvait. Un mince sourire aux lèvres, les yeux clairement cernés de fatigue, elle tenta tout de même de rester joyeuse. C’était le moins qu’elle puise faire. « Bonjour Cullen. » Elle s’approcha un peu plus, tout en gardant une distance raisonnable avec l’homme. Après tout, elle devait prendre toutes les précautions possibles. « Je viens pour voir s’il n’y a pas de changement de ton état de santé. » Elle regarde alors les quelques papiers griffonnés qui expliquaient les symptômes du patient. « Est-ce que tu penses que quelque chose à changer ? Te sentes-tu mieux, pire ? » Oui, elle lui laissait d’abord la chance de lui parler de ses symptômes, avant d’y aller d’une approche plus médicale. Pourtant, elle se doutait qu’il ne devait pas se sentir très bien, vu le teint blême qu’il abordait.

Il était malade. Voilà des années, voire des dizaines d'années que ça ne lui était pas arrivé. Il mettait ça sur le compte de son relâchement à cause de cette sensation de sécurité qu'il éprouvait à Astoria. Il était persuadé que le stress de la survie était ce qui lui avait évité les microbes et autres virus jusqu'à présent. Mais là, il n'y avait pas échappé. Il avait oublié la sensation d'impuissance qui accompagnait la fièvre, l'impression que plus aucun de ses muscles n'avait la force de lui obéir. Le jour d'avant, la fièvre avait été si forte que la pièce s'était mis à tourner et qu'il avait souffert de sévères hallucinations, il avait vu sa femme et sa fille démultipliées à l'infini dans la petite pièce où il était allongé, il avait vu les fenêtres de sa chambre clignoter puis disparaître, et tant d'autres choses inexplicables. Il avait tout de même le sentiment que le pire était derrière lui. Mais il continuait à avoir d'affreuses courbatures et des quintes de toux à s'en déchirer les poumons. Il était d'ailleurs en train de tousser bruyamment lorsque la jeune femme qui s'occupait de lui depuis le début de sa maladie entra dans la pièce. Il mit une bonne minute à retrouver son souffle en grimaçant. Il avait la gorge en feu, il était encore trempé de sueur et il avait d'énormes cernes sous les yeux. « Bonjour James. » Sa voix était rocailleuse et fatiguée. La grippe ne le laissait pas vraiment le loisir de bien dormir, il fallait dire. « Je crois... Je crois que le pire est derrière moi. Je ne délire plus à cause de la fièvre en tous cas, c'est déjà ça. » Il voulu sourire mais sa gorge le rappela à l'ordre alors il tourna la tête et se couvrit la bouche pour se remettre à tousser. Il finit par soupirer en passant le dos de sa main sur son front humide. « Mais je crois que j'ai toujours de la fièvre, une minute j'ai trop chaud, et celle d'après j'ai des frissons. »

C’est avec une certaine attention que James écouta chacun des mots énoncés par son patient. Un petit sourire grandissant sur ses lèvres, elle était plutôt contente de savoir qu’il pensait aller un peu mieux, même si visiblement il n’était pas encore guéri. Pourtant, elle ne pouvait pas vraiment espérer mieux pour le moment. Il n’y avait que le temps qui pourrait l’aider. Enfin, vu le peu de médicament qu’ils avaient pour soulager un peu cette terrible épidémie de grippe. Et comme elle avait vu l’état de certains malades se détériorer, elle était soulagée que ce ne soit pas le cas pour tous. Après tout ce qu’ils avaient vécus, c’était peu dire qu’il méritait tout au moins un répit de mort. Bien qu’elle ne voulait pas se faire de faux espoirs. « Et bien, c’est déjà ça. Je pense que si tout va bien la fièvre devrait s’estompé d’ici un jour ou deux. » Elle pensait. Car elle ne pouvait pas en être certaine, malheureusement. Pourtant, elle ne voulait pas l’alarmer. Surtout qu’il semblait aller mieux. Et au fond, elle voulait que cela continu dans cette voie. Elle s’approcha alors de lui, imitant le geste qu’il avait fait un peu plus tôt pour vérifier s’il faisait toujours de la fièvre. Et même si elle n’avait que sa main comme instrument de mesure, elle pouvait dire avec une très grande exactitude qu’il en faisait toujours, vu la température de son front et ce qu’il expliquait. « Si tu veux, j’ai un comprimé qui devrait diminuer la fièvre pendant quelques heures. Ça pourrait peut-être t’aider un peu à dormir ? » Elle savait bien qu’il n’avait pas pris beaucoup de repos ces derniers jours, et pourtant cela ne pouvait qu’être bénéfique pour son rétablissement. Ce comprimé ne faisait pas de miracle, mais elle savait qu’il ne pouvait pas nuire.