| Sujet: count to ten (cat) Mer 28 Sep - 11:58 | |
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THE RED ON MY LIPS ISN'T WINE
Sortir du terrain, de l’enclos où sont parqués les derniers animaux, steak pour voraces sur deux pattes. C’est ce qu’ils sont entre les murs. Garde-manger géant. De quoi les nourrir pour quelques heures, d’apaiser l’appétit des viscères pendantes. Et ça, il se refuse d’y penser. Se croire en sécurité, à l’abris d’un danger constant. L’extérieur. L’au delà de quelques barricades. Une ville. Retrouver un semblant de normalité. S’habituer à vivre avec eux, communauté. Les gestes trahissent encore le vécu au dehors, les mois à survivre, à trancher quelques malheureux. Affilié au ravitaillement, à ces chasses non organisées, cette grande expédition de terres inconnues. La joie de devenir explorateur, d’affronter les monstres. Redevenir gosse. Ne pas penser au danger, ne pas envisager la mort à chaque coin de rue. Mais ils sont là. Les éclopés. Les défigurés. Les défoncés. Sacs de chair tendant leur bras, espérant un peu de viande, de quoi nourrir un estomac au fonctionnement sur off.
Le boomerang joue entre les doigts, déchire quelques gorges, fait cracher un sang noir, malade. Milan n’est pas là pour le jeu. Trouver de quoi les nourrir, trouver l’improbable. Respecter une liste. Ne rien garder pour soi. C’est le plus complexe. Ne pas se remplir les poches. Ne pas détourner leur regard. Trop tard. C’est la première fois qu’il déconne. Pour Catalin. Le mioche emmené à la galère. Parfois, il se pose la question, se demande si le tuer n’aurait pas été préférable. Lui éviter l’atrocité, la peur et le mensonge. Mioche. Le terme n’est plus exact, plus depuis des années. Adulte au comportement singulier. Garçon qu’il voit derrière les billes bleues. Cat. C’est pour lui qu’il a accepté de venir ici, de se soumettre à leurs ordres, à leur règlement, à leurs conneries de petits bourgeois planqués derrière des barricades de carton. Une tablette est glissée dans la poche. Secret qu’il espère garder. A l’extérieur de la boutique, des morceaux jonchent le sol, garnissent le goudron d’intestins. Petits bouts qu’il amasse. Création d’un paquet, d’une drôlerie dont les autres se moquent. « C’est pour Cat. Il veut s’entrainer à charcuter » Dans un sens, il dit la vérité. Lui apporter quelques déchets, pas de survivance, juste des éclats, jouer à la médecine glorieuse.
Retour à la ville. La cage.
Maison vers laquelle il se précipite, toque et cherche le fugitif. Des murs gorgés de mépris. Le mensonge en bannière. Décoration, restauration de la vie passée. Croire que quelques babioles deviendront thérapeutique. Pas après la fin du monde. Milan fouille chaque pièce, cherche l’évadé. Silhouette prostrée sur le canapé. Panier macabre qu’il tend. « Faut enlever l’emballage… je n’ai pas trouvé autre chose, faut croire que tout le monde a dévalisé le stock de papier cadeau » Malaise des paroles. Ancrer un peu de vie passée. Papier cadeau. Se souvenir des fêtes et anniversaires. Il s’échoue sur le canapé. Conscience que le cadeau empeste la pièce. Morte fumante.
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