// a force of nature

the killer within

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(i) voila onze ans que des traces de cancer ont été trouvé dans le sein de madame wägner. flora avait seize lorsque sa mère est morte, et que son père est sombré dans une profonde dépression. l'allemande endosse alors le rôle de chef de famille, s'occupant de ses frères et soeur telle une mère pourrait le faire. c'est beaucoup à porter sur ses épaules frêles d'adolescente, mais la belle tient son rôle avec brio. flora a pourtant l'impression d'avoir élevé son frère et sa sœur cadette ; aujourd'hui elle ne veut plus d'enfant, elle a déjà joué le jeu. (ii) une des aubaines de cette apocalypse, c'est que la belle peut enfin se permettre le goût vestimentaire dont elle a toujours rêvé. la princesse à toujours eu des goûts de luxe, mais ne pouvait que baver devant les grands couturiers. depuis la fin du monde, elle harcèle son frère aîné, ravitailleur, pour qu'il lui ramène des vêtements de créateurs et des bijoux autrefois hors de prix. flora fait tâche avec ses beaux vêtements et ses talons, entourée par les treillis et les grosses rangers. mais l'infection n'est pas une excuse pour se laisser aller. (iii) trois mois de cela, flora est en repérage à la recherche de survivants aux alentours de portland. une porte lâche, et la masse afflues ; de toutes part, des rôdeurs. elle voit les dents du pourris s'enfoncer dans sa peau avant de sentir la douleur. son palpitant s'emballe, à ses yeux, c'est déjà la fin. puis d'un coup sec, son compagnon de fortune abat sa hache un peu avant son coude. la wägner n'a jamais eu aussi mal de sa vie, mais au moins, elle est en vie. (iv) flora s'adapte rapidement à sa nouvelle condition, ou tout du moins, elle fait très bien semblant. la belle n'a jamais eu droit de laisser filtrer ses moments de faiblesses ; ni devant ses frères et soeurs à la mort de sa mère, ni quand la dépression la rongeait quelques années plus tard, ni quand son père n'est jamais revenu de portland après le début de l'épidémie. elle refuse de montrer aux autres ses faiblesses, et arbore quotidiennement un large sourire, et un optimiste increvable. ce n'est qu'une façade instable, qui ne demande qu'à s’effondrer. à force de prendre soin de tout le monde, flora s'oublie, et meurt à petit feu, dévoré par cette tristesse qu'elle réprime. (v) les wägner possèdent une chienne, une jeune cavalier king charles du nom de scarlett. pour flora, l'animal est son ultime point de repère, celle qui l'aide à se lever chaque matin. (vi) depuis qu'elle a perdu son bras, la wägner possède une prothèse que lui a ramené son frère de l'hôpital. n'ayant pas été créé pour elle, la prothèse est un peu bancale, mais c'est toujours mieux que rien. (vii) lorsqu'elle parle à sa famille, flora utilise son allemand natal. c'est une langue qui lui tient très à cœur, et qu'elle utilise souvent lorsqu'elle est plongée dans ses pensée ou lorsqu'elle s'énerve. même si elle a quasiment toujours vécu aux états-unis, la belle garde un accent qui se remarque facilement. (viii) trônant au milieu du salon de la maison familiale, dans le quartier d'higgins hill, le piano de flora. ses parents lui ont acheté pour son onzième anniversaire, une très belle pièce que la wägner tient plus qu'à n'importe quoi. depuis qu'elle a perdu son bras droit, la belle refuse de toucher aux touches de son précieux instrument, ne pouvant supporter l'idée de ne plus pouvoir jouer comme avant. (iv) flora est une figure maternelle au camp, une figure vers laquelle on se tourne facilement en cas de besoin. malgré son jeune âge, la belle a un besoin pressant de s'occuper des autres, quitte à souvent être trop pressante et énerver certain. elle a la mauvaise tendance à vouloir fourrer son nez dans les affaires des autres, mais la wägner est toujours portée par de bonnes intentions. elle veut simplement aider. (x) lorsqu'elle s'ennuie, ou qu'elle sent ses idées noires la ronger, la belle s'égare parmi les animaux de la ferme. la wägner a toujours adoré leur présence reposante, elle pourrait passer des heures assise à leurs côtés à jouer avec scarlett. si elle avait eu le temps, flora se serait probablement lancée dans des études vétérinaires, mais elle avait trop de choses à faire à la maison.

weekly appointment

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≡ qui étiez-vous avant que l'épidémie se déclenche ? « personne. » la belle rigole. son sourire est triste, ses yeux, éteints. « une étrangère, avec un drôle d'accent. une figure discrète au dessus du piano de ce restaurant réputé. une voisine toujours souriante. » nerveuse, elle replace une mèche derrière ses oreilles. « je n'avais rien d'extraordinaire, si ce n'est une facilité pour la musique et pour m’attirer des ennuis. je tentais de vivre ma vie, de prendre soin de tout le monde. »
≡ comment avez-vous changé depuis le début ? une drôle de question, elle pense. « je ... je ne pense pas avoir changé. pas réellement. j'ai la chance de pouvoir vivre dans ma propre maison, avec toute ma famille. » son regard fuit celui du psychologue. ses mains s'affolent contre le tissu de sa jupe. « presque toute ma famille. » l'image de son père la hante encore, il n'est jamais revenu de portland ce jour là. « je continue à rire, à sourire. à espérer. c'est le plus important à mes yeux, la seule chose qui ne doit pas changer. »
≡ combien de rôdeurs avez-vous tué ? combien d'humains ? pourquoi ? rapidement, elle compte sur ses doigts fins. « huit rôdeurs. » elle sent encore leur sang et leurs tripes sur ses mains. « quand je sors dehors, pour amener les gens ici, j'évite de les tuer. je préfère fuir, c'est plus simple. plus propre. » le rire cristallin de flora s'élève dans la pièce. innocente. « des humains, aucun. jamais. je ne pense pas en être capable. »
≡ qu'attendez-vous d'astoria ? elle marque une pause, pensive. « de l'espoir. » sa réponse est simple, concise. « l'espoir pour les gens qui n'en n'ont plus, l'espoir qu'un jour ils le retrouve. je ne serais pas naïve au point de croire qu'on pourra retrouver une vie normale, même ici. » un sourire triste étire ses traits. « mais l'espoir de s'en approcher, le plus possible. de créer un échappatoire au chaos en dehors des murs. un havre de paix. »
≡ qui avez-vous perdu ? « j'ai eu beaucoup de chance. » sa gorge se noue ; elle ne remerciera jamais assez le ciel pour avoir épargné ceux qu'elle a pratiquement élevé. « mes deux frères et ma sœur sont en vie, ici, à astoria. » puis son sourire se fane. « mon père, par contre, je n'ai plus de nouvelles. il travaillait à portland, il n'est jamais revenu. je ne peux que croiser les doigts. quand à ma mère, le cancer l'a emporté il y a dix ans. »
≡ quel(s) espoir(s) vous reste-t-il ? « tout l'espoir du monde. j'ai toujours été optimiste, je ne compte pas baisser les bras aujourd'hui. » elle fait semblant, bien sur. à ses yeux, tout est déjà perdu. mais elle doit se montrer forte. tout le temps. « si on n'a même plus l'espoir, alors il ne reste rien. et je ne peux pas le supporter. » son regard s'allume ; c'est la vérité, cette-fois ci.