cecil rainbird
/ blame it on my A.D.D. /
âge ≡ 22 ans sur le papier, un peu plus sur les traits, et beaucoup moins dans la tête. date et lieu de naissance ≡ 12 mars 1994, Salem. origines ≡ beaucoup disent qu’il doit être extraterrestre mais non, il est juste américain, d’une lointaine ascendance allemande, paraîtrait-il. ancien métier ≡ apprenti horloger ; une vocation, puisque depuis tout petit, Cecil a la compulsion de chourer toutes les montres qui lui passent sous le nez pour les démonter jusqu’au plus petit rouage — heureusement, il aime autant les remonter. ancien lieu d'habitation ≡ L’Oregon, sa capitale ; Salem, les suburbs, la maison familiale, la pelouse bien verte bordée d’une clôture de piquets blancs. statut civil ≡ célibataire, encore que si on lui posait la question il répondrait sûrement « ça se mange ? » orientation sexuelle ≡ il n’a jamais eu à se poser la question. situation familiale ≡ son père Christian et sa sœur Sam sont morts, le laissant seul au monde ; il se demande parfois si sa mère a survécu. date d'arrivée au camp ≡ 21 septembre 2016. place dans le camp ≡ pour l’instant, il est encore en quarantaine, mais le psy lui a suggéré de s’orienter vers la ferme une fois qu’il sera sorti. Faut dire qu’il adore les animaux, Cecil. Mieux vaut en revanche ne pas trop lui dire qu’ils sont là pour être bouffés. Oh, il est pas tout à fait con non plus, il s’en doute quand même un peu ; il préfère juste ne pas y penser. aptitudes de survie ≡ proches du zéro absolu, le seul truc qui le sauve est de savoir bien courir, ayant été athlète star de sprint au lycée. armes de prédilection ≡ face au danger, il préfère prendre la fuite ; néanmoins, il peut être poussé à se battre si une personne aimée est dans une situation critique, dans ce cas, il utilisera le premier truc qui lui tombera sous la main. traits de caractère ≡ il a toujours l’air un peu dans la lune, Cecil ; on ne sait jamais à quoi il pense, surtout quand ses yeux se perdent dans le vide, qu’il soit figé dans une contemplation connue de lui seul, ou concentré sur ses démontages et remontages compulsifs de petites machineries. Avant, il pouvait rire ou sourire pour un rien ; maintenant, c’est devenu anecdotique. Il n’a jamais eu besoin d’être entouré, préférant le calme de la solitude au brouhaha de la compagnie. Il a l’air si calme et tranquille dans son silence, mais faites le geste un peu sec de trop et il pourrait soudain exploser et hurler à la mort. Faut dire que derrière son attitude presque apathique, il est sans cesse sur la défensive ; il avait pourtant facilement confiance en son prochain, avant — trop facilement, en fait, c’est ça qui l’a perdu.
the killer within (i) Il est végétarien, oui oui, même encore aujourd’hui. Un jour, quelques mois après le début de l’épidémie, il est tombé malade, et son père, souhaitant qu’il reprenne des forces, a caché un peu de lièvre dans l’un de ses plats ; alors, en plus de sa pneumonie, Cecil s’est tapé une indigestion. Ce n’est pas une question d’idéologie, ni de principe, ni même pour se la jouer hipster : c’est tout bonnement physiologique, non seulement son corps n’est pas en mesure de traiter la viande, mais surtout la seule idée de manger un être vivant le répugne. Il préfère encore s’affamer. (ii) C’est qu’il aime tellement les animaux, Cecil, sûrement bien plus que les humains en général. Quand sa famille et lui ont dû prendre la fuite de leur domicile, et que son père l’a forcé à laisser derrière lui son chat, Usul, son meilleur ami depuis dix ans déjà, Cecil a pleuré toutes les larmes de son corps. Aujourd’hui encore, ça lui arrive de sangloter, la nuit, en y repensant. Il ne l’a jamais vraiment pardonné à son père, même après sa mort. (iii) Ils ont roulé longtemps, au hasard, évitant les zones urbaines, préférant les campagnes moins peuplées. Ils ont roulé jusqu’à la dernière goutte d’essence siphonnée, et ils ont continué à pied. C’est là qu’ils ont croisé les survivants qui sont devenus leurs compagnons, pendant plusieurs mois, une petite communauté avec ses problèmes comme les autres, mais soudée, dévouée. Sam était la plus vive, la plus débrouillarde ; elle a fait de son mieux pour entretenir le désir de vivre de son père, et pour éveiller son frère aux cruelles nécessités de ce nouveau monde impitoyable. Groupe ou non, Cecil n’aurait pas survécu sans elle. Il n’aurait pas survécu sans son soutien, ses conseils, sa patience ; il n’aurait pas survécu si elle n’avait pas eu le réflexe immédiat de l’arracher de sa stupeur pour le traîner le plus loin et le plus rapidement possible de leur abri qui s’était ce jour-là transformé en abattoir et où doit encore, aujourd’hui, reposer leur père, parmi leurs nombreux compagnons laissés derrière. (iv) Il n’a pas pleuré, Cecil. Il s’est accroché à sa sœur comme un koala à son eucalyptus et il a continué à avancer. Tant que Sam était là, il n’avait pas de raison d’être triste. Elle était la seule chose qu’il lui fallait. Elle était là depuis le début, elle serait là jusqu’à la fin. Du moins, il en était persuadé. C’est peut-être pour ça qu’il lui arrive encore de la chercher du regard pour lui montrer sa dernière trouvaille, ou de l’appeler quand il se réveille seul dans le noir, avant d’être assailli par les images de Sam se faisant dévorer par les morts, sa main inerte à quelques centimètres seulement de celle de Cecil, lui-même immobilisé par le rocher qui s’était écrasé sur sa jambe. (v) Second à la naissance, il aurait dû être second à la mort, servant de dessert aux rôdeurs, si trois hommes armés de fusils d’assaut n’étaient pas passés par là. Cecil eut juste le temps de capter le regard de Sam qui lui disait silencieusement de vivre, avant que son corps ne disparaisse sous les carcasses pourries de ses assassins. Alors il a sangloté à l’aide, Cecil, même s’il n’en voulait pas, même s’il voulait juste que tout finisse. Il a tendu la main vers ces hommes, parce que Sam voulait qu’il vive, et parce qu’ils étaient apparus quand tout semblait perdu, tels les héros de ses comics préférés. Sauf que ces hommes n’étaient pas des sauveurs, et pour Cecil, toujours coincé sous son rocher, les souffrances ne faisaient que commencer. (vi) C’est depuis ce jour qu’il ne supporte plus la vue du sang, ni qu’on le touche. (vii) Les brutes n’en avaient pourtant pas fini avec Cecil. Ils allaient le ramener à leur camp, disaient-il, pour qu’il continue à leur être utile. Il s’est laissé faire, trop faible, trop abattu pour résister. Jusqu’au jour où il entendit la voix de Sam l’appeler. Alors il n’a pas réfléchi, et il a fait ce qu’il savait le mieux faire : courir, le plus loin et le plus vite possible, ignorant la douleur lancinante dans sa jambe blessée. Il a couru jusqu’à ce que les cris et les coups de feu dans son dos ne soient plus qu’un lointain écho, jusqu’à s’enfoncer dans la nuit, et trébucher dans une crevasse, qui devint son abri pendant de longs, très longs jours. (viii) Il se serait laissé crever si, à chaque fois qu’il fermait les yeux, Sam n’était pas revenue lui ordonner de vivre. Alors il a bu la rosée qui se déposait dans les creux des feuilles et de la pierre, et mangé la mousse et les champignons qui poussaient à l’entrée de sa caverne et il a tenu bon, Cecil, jusqu’à ce qu’on ne le trouve, et que l’on transporte son corps meurtri de l’autre côté des portes d’Astoria. | weekly appointment Septième séance : Le sujet semble profondément traumatisé et le contact est difficile, voire hasardeux, mais à force de patience et grâce aux informations partagées par Cain Walsh qui a su, contre toute attente, nouer un lien avec lui, nous avons pu monter un dossier approximatif sur le passif de Cecil. ≡ qui étiez-vous avant que l'épidémie se déclenche ? La période pré-épidémie reste la plus facile à aborder. Rien de bien notable : Cecil était apprenti en horlogerie, une formation qu’il a pu se payer grâce à sa bourse d’athlète. Il semblerait néanmoins qu’il ait toujours été un peu en retrait des autres personnes, pas seulement à l’école, mais en général. Il ne donne néanmoins pas l’impression d’être atteint d’une quelconque pathologie mentale, mais simplement d’un esprit solitaire, légèrement déconnecté des normes sociétales. ≡ comment avez-vous changé depuis le début ? Il est clair que Cecil a subi de graves traumatismes ces derniers mois. Il suffit de voir le mutisme dans lequel il s’enferme, presque craintivement parfois, dans cette attitude nerveuse et défensive qui le crispe des pieds à la tête. Il refuse de parler de ce qu’il lui est arrivé mais nul doute que les épreuves qu’il a vécues n’ont pas laissé leurs marques uniquement sur son corps, à en juger par l’état dans lequel il a été trouvé, gravement sous-alimenté, couvert de bleus des pieds à la tête, et le visage encore tuméfié par endroit, sûrement causé par des coups de poing et de pied. Il est parfois sujet à de violentes crises, surtout si l’on tente de le toucher, ou même si cela arrive par mégarde. On a déjà pu le voir hurler, s’arracher les cheveux et se cogner la tête contre le mur ; il a fallu trois personnes pour le retenir, et une bonne dose de sédatif pour le calmer. ≡ combien de rôdeurs avez-vous tué ? combien d'humains ? pourquoi ? On voit mal Cecil tuer qui que ce soit, mort ou vivant… mais allez savoir. Peut-être que derrière sa bouille d’ange, il serait bien capable de massacre pour protéger ses proches. Impossible à dire. On penche néanmoins vers la possibilité qu’il soit inoffensif, peut-être même résolument innocent. ≡ qu'attendez-vous d'astoria ? En premier lieu, Astoria doit être l’endroit où Cecil va pouvoir panser ses plaies physiques. Il guérit, lentement mais sûrement. Sa santé n’est pas en danger, mais il est possible que sa jambe ne se remette jamais tout à fait ; il a dû trop forcer dessus après avoir été blessé, et il est à craindre qu’il garde un léger boitement à vie. Quant aux séquelles psychologiques… seul le temps nous le dira. Il faut espérer qu’il trouvera à Astoria les personnes qui auront la bonté, le courage et la patience de le soutenir et de prendre soin de lui, ce qui pourrait s’avérer une tâche plus ardue qu’il n’y paraît au premier abord. ≡ qui avez-vous perdu ? Il a plusieurs fois mentionné son père, Christian, et sa sœur, Sam. Le père n’est manifestement plus de ce monde ; quant à Sam, Cecil dit que jamais elle ne l’abandonnera, qu’elle sera toujours là. Est-elle simplement disparue, ou n’a-t-il pu se résoudre à son éventuel décès ? Le doute reste entier. Quant à sa mère, il ne l’a jamais évoquée, mais sa mention éveille toujours dans son regard une étincelle de perplexité. ≡ quel(s) espoir(s) vous reste-t-il ? Le sujet est manifestement trop personnel pour être étudié en profondeur. Néanmoins, d’après la façon dont il en parle, Cecil semble s’accrocher à l’idée de revoir un jour sa sœur. Nous n’avons pu déterminer la façon dont ils ont été séparés mais il y a quelque chose de louche dans cette histoire : il ne parle pas vraiment d’elle comme si elle était absente… Est-ce alors un espoir, ou une désillusion ? Quoiqu’il en soit, et malgré les séquelles évidentes qui perturbent l’esprit de Cecil, il semble décidé à s’accrocher à la vie, si cruelle soit elle. |