run rabbit, run [Alfie]

Iris n'a jamais été le genre à surveiller l'heure pour ne pas travailler seconde de trop. Les heures supplémentaires ne lui avaient jamais fait peur. Cela lui était égal, à vrai dire. Elle avait toujours considéré qu'elle était plus productive pour la société en étant à son poste que partout ailleurs, alors à quoi bon chercher à s'échapper au plus vite? Ce point de vue s'était d'autant plus accentué depuis son arrivée à Astoria où les heures de repos étaient synonymes d'ennui profond. Elle avait fait le tour des loisirs, n'était plus qu'un lion qui tournait en rond dans sa cage. Alors la voir quitter son poste dès le début de la descente du soleil, abandonner ses collègues pour se ruer à travers le camp... c'était inédit. Loin d'être une bonne nouvelle, aussi. Surveiller le quartier de quarantaine n'était pas une activité à risque. Généralement, tout se passait bien. Les surveillants échangeaient avec les nouveaux, faisaient en sorte qu'ils comprennent l'importance de la quarantaine pour éviter des protestations. Ce n'était que de la surveillance, sinon. S'assurer que tout se passait bien autour et dans les maisons. Sauf que voilà, aujourd'hui, il y avait eu une erreur. Une magnifique, grave erreur. Le genre qui allait, inévitablement causer des emmerdes à quelqu'un. Et Iris comptait bien être celle qui irait chercher des comptes, prendre la température de la situation avant que tout dégénère.

Alors, une fois le soleil abaissé au niveau de la cime des arbres, Iris a décampé du secteur de quarantaine en direction du centre du camp, objet du méfait planqué sous sa veste. Elle veut causer ni émeutes, ni problèmes. En essayant de régler ça par elle-même, la brune risque juste de plonger droit dans les emmerdes. Comme si c'était de sa faute. Il ne lui faut que cinq minutes vu la rapidité de sa démarche pour rejoindre enfin l'ancien stand de tir dans lequel elle rentre, claque la porte après s'être assurée que le lieu est vide. Enfin, vide. Si on excluait cette charmante tête de con derrière le comptoir. « T'es seul ? » Elle grince les dents, lance un coup d'oeil circulaire. Attend son assentiment pour sortir ce qu'elle cache ; un flingue qu'elle a dissimulé sous le tissus d'un vieux t-shirt. Elle le plaque contre le vieux bois du comptoir, regard noir de rigueur. « T'es responsable des armes, abruti. Alors explique moi comment ce flingue est arrivé jusqu'au secteur de quarantaine. » Le ton est froid, furieux. Les nouveaux sont fouillés, il n'y avait aucune chance qu'une arme à feu soit passée. De même, les superviseurs n'étaient pas armés pour des questions de sécurité. Alors, cela signifiait que ce flingue, certainement recensé, avait été piqué d'une manière ou d'une autre. Qu'un nouveau échappe à son baby-sitter, qu'un proche veuille arranger un petit nouveau... Il y avait eu une arme à feu à disposition. C'était tout ce qu'il y avait à retenir. « Putain mais Alfie ! T'as conscience des conséquences que ça peut avoir ? T'imagines si quelqu'un était au courant ? » Il serait dans la merde. Elle avec, pour avoir mis autant de temps à prévenir les chefs et avoir laissé le nouveau s'en tirer.

Elle savait pertinemment qu'elle venait l'emmerder, que sa journée était finie à lui aussi. Mais là, ils avaient un problème. Et elle faisait bien trop confiance aux autres responsables des armes pour envisager qu'ils aient pu faire une erreur aussi importante.