You don't know it yet but you wanna know me. || Wes

« Un deux, Freddy te coupera en deux. Trois, quatre, remonte chez toi quatre à quatre. Cinq, six, n’oublie pas ton curcifix. Sept, huit, surtout ne dors pas la nuit. Neuf, dix il est caché sous ton lit.
- Non mais ça va pas la tête ? Pourquoi tu chantes ça ? »

Je m’arrête alors que je suis en train de remonter la rue, tranquillement. J’emmerde personne, je fais ma vie, oui, je chante une chanson d’un film d’horreur : so what ? Je me tourne pour observer la nana qui vient de m’alpaguer pour me poser sa question débilé.

« Je chante ça parce que j’en ai envie.
- Mais c’est glauque.
- Et ta mère, elle est glauque ? »

Elle écarquille les yeux, ouvre la bouche puis la referme, préférant visiblement ne rien répondre. Je lui adresse un grand sourire, lui fais un petit signe de la main que je ponctue d’un petit fuck.

« Ta mère suce des queues en enfer ! » je lui crie dessus avant qu’elle ne se mette à courir pour s’éloigner le plus vite possible de moi.

Je laisse échapper un petit rire et me détourne de la chieuse qui s’éloigne et reprends ma petite marche tranquille. Je fredonne l’air une nouvelle fois. C’est pas de ma faute. La chanson, je l’ai entendue quand j’ai vu le film en taule et tout à l’heure, j’suis tombée sur de vieux magazines et y’avait un article sur le film alors ça a fait remonter la chanson et puis de toute façon, j’ai pas à me justifier. Putain, les gens sont tellement coincés… Je m’arrête de marcher quand j’aperçois une silhouette un peu plus loin. Je plisse les yeux : c’est pas Wes ça ? Si, c’est lui. Il est mignon. Il est pas là depuis longtemps mais oui, il est mignon. Je le mettrais bien dans mon lit, et puis il est plutôt cool. Enfin, le peu que j’aie pu voir de lui, il avait l’air cool. Et là… Il a l’air de partir faire quelque chose en douce. La façon dont il se déplace. Un regard circulaire autour de moi et je décide de le suivre. J’suis curieuse de nature, sans doute trop, tant pis. Et j’sais me rendre invisible, presque, alors c’est pratique. Tout en restant à une distance qui me permet de ne pas me faire remarquer, je le suis. Quand je réalise qu’il sort du camp, j’écarquille les yeux. Bah il sort tout seul lui ? Carrément ? J’hésite un instant. Est-ce que je le suis ou est-ce que je rebrousse chemin ? Rah, j’suis trop curieuse pour arrêter de le suivre maintenant, alors, comme Dracula se faufilerait derrière Mina (j’aime les films d’horreur, mes cassez pas les noix même si j’en n’ai pas), je me faufile derrière Wes pour le suivre à l’extérieur du camp. Heureusement que j’ai mon petit couteau papillon dans ma botte que je me suis gardé de côté. A la base je voulais le refiler pour le marché noir mais finalement je l’ai gardé pour moi. Je me penche pour le récupérer et hop, c’est parti mon kiki. Je continue de le suivre et, de loin, je le vois s'approcher du lac. Un bruit sur ma droite et je me détourne de Wes pour voir un rôdeur s'approcher de moi. Je m'avance vers le rôdeur (je vais pas attendre qu'il s'amène, j'ai pas que ça à foutre). Hop, un petit coup de couteau papillon dans la tronche et après…

« Merde. » je souffle en essuyant le couteau sur mon pantalon.

Wes s'est vachement éloigné alors je me mets à courir et tant pis pour la discrétion.

« WES ! » je hurle pour l'arrêter.

La curiosité l'a emportée et je m'arrête quand j'arrive à sa hauteur. Un petit salut de la main.

« Yancy. » je lui dis sur un ton léger, au cas où il me remettrait pas. « Qu'est-ce que tu viens faire par là ? »

Sans gêne ? Moi ? Jaaaaaaaaaaaaaaaaaaamaiiiiiiiiiiiiiiis.
Allez, c'est le moment ou jamais de faire connaissance.

Une petite rencontre sympathique au coin du lac. C'est plutôt censé égailler la journée. Disons que ça va rattraper la façon dont elle a commencé tout à l'heure. J'essuie tranquillement mon couteau papillon sur mon pantalon tout en adressant un sourire on ne peut plus sincère à Wes. A ce moment-là, je suis en mode « cool », je n'imagine pas un seul instant que lui ne l'est pas du tout. Dans ma tête, c'est juste impossible qu'il prenne mal ma soudaine apparition à ses côtés parce que dans ma tête, je ne fais rien de mal. Suivre les gens en étant invisible ne m'a jamais semblé être quelque chose de pas bien et ça risque pas de changer. Alors voilà, je me pointe et sur un ton léger je lui demande ce qu'il vient faire là. Simple curiosité innocente pour le coup. Je l'ai suivi et je suis curieuse oui. Pourquoi il s'est éclipsé discrètement en toute clandestinité ? J'ai bien envie de savoir. Et si moi j'ai tendance à pas garder mes distances et à me la jouer comme si on se connaissait depuis des lustres, Wes, lui, les garde ses distances. C'est quand il me répond d'un ton assez abrupt qu'il est venu chercher un pied de biche qu'il a égaré que je réalise qu'il est sur ses gardes et que ma présence ne l'enchante pas. Du coup, je déchante un peu. Pas beaucoup, juste un peu. Mon sourire se fait moins large et bon, je resserre ma poigne autour de mon couteau : on sait jamais s'il décide de me sauter à la gorge hein... Ceci dit, quand il mentionne les règles du camp qu'il ne souhaite pas respecter, il refait naître mon sourire.

Là, on parle la même langue, c'est bien.

Et voilà la menace. Même pas voilée hein, nette et directe. Au moins il n'y va pas par quatre chemins, j'apprécie car je sais à quoi m'en tenir.

« Tu peux toujours essayer. » je lui réponds du tac au tac en lui adressant un sourire en coin qui en dit long.

Oui il peut essayer, pas sûr qu'il y arrive. Mais bon, on va éviter d'en arriver là.

« Mais t'auras pas besoin de le faire. » j'ajoute finalement en glissant mon couteau papillon à ma ceinture avant de croiser les bras. « Je t'ai pas suivi pour aller moucharder après. Déjà c'est pas mon genre et puis ça voudrait dire qu'il faudrait que je dise que moi aussi je suis sortie et j'ai pas envie qu'on le sache. Entre nous, je suis pas folle de leurs règles non plus mais bon, faut bien faire comme si. » Petit haussement d'épaules. « Tu veux que je t'aide ? Pour ton pied-de-biche. On ira plus vite à deux. »

Et revoilà un sourire sincère. Je ne plaisante pas, j'ai envie de l'aider.