no one is innocent (io)

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février 2015 ≡ l'alarme avait sonné, la ville tombait dans le chaos. io avait été suffisamment stupide pour prendre la voiture afin de rejoindre au plus vite sa famille mais elle n'avait pas été la seule à y penser. les embouteillages étaient incroyables et les gens perdaient patiente, se disputaient, la peur au ventre de voir apparaître un rôdeur. plusieurs heures maintenant qu'elle était coincée au milieu de l'autoroute. un cris, puis deux, puis trois et la situation dégénère : l'autoroute devient vite infestée de rôdeurs et io court vers les bois pour s'y cacher, pour survivre. elle n'arrivera chez elle que le soir, pour trouver une maison vide et des placards tout aussi vides : ils l'avaient laissé. dévastée, il lui faudra plusieurs jours avant de faire son sac et de partir à leur recherche. et à celle d'une vie loin des rôdeurs.

mars 2015 ≡ elle n'a qu'un couteau pour se défendre, mais elle se débrouille comme elle peut en évitant les endroits trop peuplés... donc trop infestés. io est prudente, ne prend jamais que le nécessaire. si elle a bien retenu quelque chose, c'est certainement que les walkers entendent tout alors elle se fait la plus silencieuse possible. si bien que c'est par surprise qu'elle prendra ceux qui seront avec le temps sa famille. même endroit, même moment, c'est au rayon conserves qu'elle rencontrera un drôle de type du nom de clark. avec lui, des hommes, des femmes, et surtout une petite fille. c'est ce qu'elle remarqua immédiatement, et c'est peut-être -en plus de la survie- la raison pour laquelle elle accepta immédiatement lorsqu'ils lui proposèrent de se joindre à eux. maya n'était âgée que de quelques années de moins que sa soeur. très vite, io se fit une place de choix au sein du groupe. bonne chasseuse depuis toujours, elle était celle qu'on attendait le soir les bras chargés d'écureuils, d'oiseaux, de lapins. avec le manque de matériel, elle se contentait seulement de poser des pièges qu'elle confectionnait avec tout et n'importe quoi, puis allait les relever tous les jours. on lui confia donc un rôle et des armes : une batte de baseball et un m-9. ce groupe devint rapidement sa famille, ou tout comme.

avril 2015 ≡ elle était cette fois-ci partie relever ses pièges avec un adolescent du groupe. d'ordinaire seule et silencieuse, rien n'arrivait et elle pouvait discrètement charger son sac. mais il était bavard, nouveau, surtout. dans le groupe. il était arrivé quelques jours avant et était aussi un chasseur : elle n'y croyait qu'à moitié, son père et elle étaient toujours silencieux pendant leur chasse. lui, c'était une machine à bruits, même lorsqu'il marchait. si bien qu'ils furent attaqués par quatre rôdeurs. au milieu des arbres, l'idée lui traversa l'esprit comme un éclair et elle grimpa dans un arbres, suivie par l'adolescent. les rôdeurs, eux, étaient coincés sur terre mais les encerclaient. le gamin avait un arc et les descendit rapidement. jamais io n'oublia cette mésaventure car elle venait de souligner un point faible des rôdeurs : they don't climb.

mai 2015 ≡ on avait besoin d'elle pour aider au ravitaillement : l'homme qui y allait d'ordinaire était cloué au lit par ses allergies au pollen. ils étaient trois et furent attaqués en ville par une horde. io fût la seule à s'en échapper, mais manqua de mourir des dizaines de fois dans le processus. le visage et les vêtements couverts de sang et de boue, traumatisée, elle peina à arriver à l'école où son groupe avait élu domicile quelque semaines plus tôt. des voitures étaient garées devant. des voitures qu'elle ne reconnaissait pas. alors elle s'approcha doucement, comme lorsqu'elle et son père chassait, et passa sa tête par la fenêtre qui donnait sur le gymnase où ils dormaient tous. le spectacle était horrifiant : la majorité de son groupe avait été tué et gisait dans une marre de sang dont elle distinguait à peine les corps. devant elle, on égorgea et démembra l'adolescent avec qui elle faisait équipe pour chasser. c'est alors qu'elle croisa le regard de clark. il ne restait que lui, que maya. ils étaient foutus. et io se savait impuissante : les hommes étaient trop nombreux. alors elle prit la fuite et depuis, c'est la culpabilité qui la ronge : elle aurait préféré tenter quelque chose et mourir avec eux plutôt que vivre en sachant qu'elle les avait laissé à leur sort.

juin 2015 ≡ elle était seule maintenant. et la traumatisme qu'elle avait vécu en mai avait laissé des traces : elle ne parlait plus. io dormait peu aussi, profitant des nuits chaudes pour les passer dehors. jamais elle ne s'attardait plus de trois jours dans un même endroit, de peur de s'installer et de se retrouver dans la même situation qui l'avait poussé à fuir le mois dernier. et maintenant qu'elle savait que les rôdeurs ne grimpaient pas, elle s'était habituée à dormir en hauteur : dans les arbres. chaque soir, même rituel, elle s'endormait seulement après avoir fermement ligoté ses jambes et son buste à une branche et au tronc de l'arbre pour être sûre de ne pas tomber. une technique qui lui permis d'éviter de nombreux rôdeurs de nuit. les pièges qu'elle postait l'aidaient à se nourrir, mais elle continuait à fouiller maisons et les magasins au cas où, ne prenant que le principal. de nombreuses fois elle croisa la route d'autres groupes mais contrairement à la fois dernière, elle prenait la fuite ou se cachait toujours : jamais elle ne revivrait ce qu'il s'était passé à l'école. jamais.

juillet 2015 ≡ errant, io était tombée sur une rivière. elle avait posé son campement sur les berges de ce dernier, profitant des températures élevées de l'air pour se rafraîchir dans l'eau : jusqu'à ce qu'un rôdeur n'arrive alors qu'elle se trouvait dans l'eau. Il s'avança jusqu'à perdre pied et ne l'atteint jamais, le courant ayant fait son travail. elle comprit ce jour là que les rôdeurs ne savaient pas nager, et ne l'oublia jamais : là était un nouveau point faible à utiliser. après trois jours, elle décida de changer de lieu de vie et longea les rives du cours d'eau jusqu'à ce qu'elle tombe sur une petite barque qu'elle emprunta pour rejoindre une île au milieu de la large rivière : après l'avoir nettoyée de tout rôdeur -seulement deux, la possibilité que ce soit un ancien couple lui traversa l'esprit- elle s'y installa non pas pour trois jours mais pour deux semaines. s'y sentant en sécurité, entourée d'eau que les rôdeurs ne pouvaient pas traverser. mais voilà, pire que les rôdeurs il y avait les hommes et un groupe de survivant ne tarda pas à s'installer sur les berges de la rivière, près de son île. elle ne tenta pas le diable et parti le jour suivant, déçue.

aout 2015 ≡ seule, io était fatiguée. fatiguée de survivre plus que de vivre. des mois maintenant qu'elle vivait seule, nomade. sa vie d'avant lui manquait terriblement mais tous ses proches étaient surement morts à l'heure qu'il était. alors qu'elle relevait un piège, elle manqua de perdre la vie, attaquée par quatre rôdeurs. distraite par des pensées négatives, elle ne les avait pas entendu arriver et si ça n'avait été pour un coup de chance, elle y serait surement passé. petit à petit, io abandonnait. elle le savait, le sentait. elle n'avait plus la force de continuer à vivre ainsi et déjà elle contemplait la possibilité de mettre fin à ses jours. mettre fin à ce cauchemar.

septembre 2015 ≡ elle avait été stupide. oh oui, tellement stupide. blessée au flanc après une mauvaise chute, io avait voulu prendre la fuite face à une horde de rôdeurs et avait lourdement chutée. résultat : elle avait surement une ou deux côtes foulées. et alors qu'elle reprenait son souffle, elle tomba nez à nez face à un groupe de survivants : impossible de prendre la fuite, ils n'étaient qu'à quelques mètres. elle les laissèrent l'aborder, terriblement méfiante mais se laissa séduire par l'idée d'une ville sécurisée. peut-être que sa famille s'y trouvait ? alors elle les suivit, toujours sur ses gardes, prêtes à fuir au moindre geste. son mutisme l'empêchait de réellement communiquer mais l'un d'entre eux avait un carnet sur lui. un carnet qu'elle ne lâchera plus. elle s'en servit pour passer les tests psychologiques qui furent concluant : mais le psychologue insista sur le fait de la voir toutes les semaines pour travailler sur ses troubles de stress post-traumatiques courants et sur son mutisme, moins courant. une condition qu'elle accepta, heureuse de trouver une communauté après tant de temps seule. mais sa famille n'était pas là. le serait-elle jamais un jour ?

octobre 2015 ≡ une fois acceptée dans la communauté, on fit d'io une chasseuse. son passé était connu du psychologue et cette particularité ne passa pas inaperçue. on lui confia une arbalète, la première arme qu'elle touchait depuis un mois, et on l'envoya en binôme au travail. dehors, elle retrouvait un bout d'elle à travers les arbres. comme un rappel d'un passé révolu, et d'un plus proche chaotique. sa discrétion était son avantage, et de semaine en semaine, les dirigeants d'astoria finirent par lui faire confiance. c'était une bonne chasseuse, une habitante discrète mais appréciée, quelqu'un de bien. qui ne rechignait pas à la tâche. et chasser lui donnait un but alors, elle qui avait perdu tout espoir et qui le retrouvait à astoria. se lever avec des responsabilités, avec un objectif lui faisait un bien fou. à nouveau, elle se sentait faire partie d'une communauté. être importante. les rôdeurs qu'ils trouvaient sur leur passage ne faisaient jamais long feu : nourrie, logée, elle n'était plus la jeune femme chétive au bord du désespoir qu'ils avaient trouvé en septembre. si bien qu'au bout d'un mois, on posa sur ses épaules plus encore de responsabilité.

novembre 2015 ≡ on faisait d'elle, malgré son mutisme, un membre de la brigade de surveillance externe. un rôle convoité par les nouveaux arrivants en manque d'adrénaline et respecté par ceux plus anciens. io n'en revenait pas, qu'on lui fasse autant confiance, mais elle avait fait ses preuves, avait prouvé qu'elle pouvait travailler en équipe et le sifflet qu'on lui avait donné à son arrivée elle ne l'avait utilisé que dans de rares occasions. alors ce n'est plus une arbalète qu'on posa entre ses mains mais ses armes lorsqu'elle était arrivée : son couteau, son m-9, sa batte. qu'elle reposait bien sûr en arrivant. mais les faits étaient là : malgré les apparences, io était plus qu'efficace. discrète et fluette. elle pouvait se débrouiller seule mais savait travailler en équipe. et plus encore, elle possédait un rare respect pour astoria qui était à ses yeux sa chance de retrouver une vie -presque- normal. alors elle fait de son mieux pour avoir un comportement exemplaire. c'est ce qu'elle se doit de faire. ce que mérite astoria.