| Sujet: // cosmic love. (bianca) Ven 30 Déc - 19:56 | |
| you were in the darkness so I stayed in the darkness with you / ❀ L’air est glacial, l’hivers est installé. A chaque souffle, une buée blanche s’échappe des lèvres mouvante de Kit, qui cherche inlassablement les mots. Vieille habitude à la vie dure, l’anxieux vétérinaire répète ses phrases à l’avance, cherche ses tournures avant même de commencer une conversation. Une scène répétée, qui dévie souvent du script, mais qui aide le Griffiths à atténuer cette peur du contact. Au moins, avec ses animaux, il n’avait pas peur de mal choisir ses mots, ou de s’emmêler les pinceaux. Avec Bianca, c’était facile aussi, plus qu’avec les autres. Souvent, c’était lui qui parlait, qui suivait son script sans peur d’être interrompu. Durant de nombreux jour, Kit l’avait même cru muette, la sauvageonne refusant de prononcer le moindre mot, ni à lui ni à personne. Mais à force de patiente et conversation à sens unique, la survivante s’était ouverte, doucement, à son rythme. Aujourd’hui encore, c’était une femme de peu de mot ; Kit y trouvait beaucoup de réconfort, c’était en partie pourquoi il l’appréciait tant. Avec elle, tout était simple, tout était facile. Lui qui trouvait les gens trop compliqués, trop imprévisibles, il y avait quelque chose qui le soulageait dans l’attitude de la Harrow. Elle, avait oublié comment les humains fonctionnaient ; lui, n’avait jamais réellement compris. Si différent, et pourtant, semblable.
Tout tourne au ralentit alors qu’il traverse le camp. Le choc est dur à encaisser, l’attaque est encore vive dans les esprits. Les mots résonnent encore. On reviendra, leur avait promis les assaillants. Fébrile, Astoria tente de se relever, vivant dans la crainte d’une nouvelle attaque. Mais en attendant, il fallait reprendre. Il fallait vivre. Quand il arrive enfin, la quarantaine est, sans grande surprise, déserte. Une poignée de résidents, les derniers. C’était une décision qui avait secoué l’éternel optimisme de Kit ; il voulait croire qu’il y avait encore de gens bien dehors. Qu’il ne restait pas que des monstres. Bianca en était la preuve. Et si elle s’était faite attraper quelques semaines plus tard, si les recruteurs n’avaient pas été là pour la secourir, alors qu’elle gisait au milieu des rôdeurs, inconsciente ? Le Griffiths ne préférait pas y penser. A la place, il accueillit avec joie la chaleur de la maison de la quarantaine, se réfugiant de la fraîcheur extérieure. Entre ses mains, le saint graal. Le vétérinaire l’avait retrouvé dans les placards de l’infirmerie, parmi quelques autres ramené lorsque Noah avait perdu sa jambe. si cette prothèse avait été trop juste pour le chef de la sécurité, elle irait probablement à Bianca ; elle ferait l’affaire, en tout cas, jusqu’à ce que les équipes de ravitaillement puissent en chercher une plus adaptée. Kit était nerveux. C’était un cadeau certes, mais un cadeau risqué. Le vétérinaire espérait un effet thérapeutique sur la belle rescapée, un souffle d’espoir ; elle ne serait pas toujours coincée sur cette chaise roulante, elle avait de bonnes chances de remarcher grâce à la prothèse. Mais le Griffiths craignait que la Harrow prenne ce cadeau comme une invitation à partir. Dès qu’elle serait capable de se déplacer, elle lui avait promis qu’elle prendrait la fuite. Kit refusait de rompre sa promesse, elle n’était pas prisonnière ici ; pourtant, l’idée de la voir partir lui déchirait le coeur. Il espérait qu’elle change d’avis entre temps, et avait décidé de tout faire pour la convaincre de rester.
Le vétérinaire toque, doucement, contre la porte de la rescapée. Puis il entre, timide, cachant la prothèse dans son dos pour garder la surprise. « Bonjour. » souffle-t-il doucement, les yeux fuyant comme à son habitude. Le contact visuel relevait de l’épreuve pour le timide Kit. « Bien dormi ? » |
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