Bite the bullet - w/Joshua

Il me dit qu’il l’aime aussi. Je peux le comprendre ça. Je peux comprendre qu’il n’arrive pas à passer à autre chose, qu’il n’arrive pas à l’oublier : Leto est de ces femmes qu’on a forcément du mal à oublier. Je sais que si demain elle le choisit lui, je vais avoir moi aussi beaucoup de mal à l’oublier, c’est sûr et certain. Il admet finalement qu’il a pété les plombs et je plisse doucement les yeux quand il me dit qu’il ne sait pas comment il a pu s’en prendre à moi. Il ne le dit pas totalement mais c’est bien ça le sens de ses mots. Des excuses. Des sortes d’excuses tout du moins. Je détourne le regard quand il ajoute que je suis un gars bien. J’en sais rien ça, j’en sais rien. Les images de Nick me reviennent, nos derniers mots échangés sur la montagne… Je l’ai laissé là. Je me dis et me répète depuis le temps que je n’avais pas le choix mais une petite voix subsiste, un petit doute, qui renforcent ma culpabilité. Alors, son « Tu es un gard bien. » je ne l’accueille pas avec autant de plaisir ni de reconnaissance que je le devrais. Il souffle soudain que sa femme lui manque et je relève mon regard vers lui. J’ai beau avoir la rage, j’ai beau avoir toujours plus ou moins envie de lui en coller, il me fait mal au cœur ce type… Est-ce que je ressemblais à ça après mon divorce ? Pas dans mon souvenir non mais les circonstances n’étaient pas du tout les mêmes. Peut-être que mon ex-femme ressemblait à ça elle par contre.

« Elle me manquerait aussi. » je concède.

Si je perdais Leto, elle me manquerait oui. Je l’observe ensuite en silence alors qu’il semble vouloir dire quelque chose puis se raviser. Ce qu’il dit ensuite, d’une voix fatiguée et lasse, je sais que ça doit lui coûter.

« Je le ferai. » Un silence. « Toi pareil. » j’ajoute finalement.

Si Leto le choisit, il a intérêt à prendre soin d’elle oui car sinon… Sinon rien. Si elle me quitte, ce qui pourra lui arriver ne sera plus mon problème. Et puis je ne resterai probablement pas ici de toutes les façons. Je balaye cette pensée d’un bref mouvement de la tête.

« Bon… » Je me râcle la gorge. « Salut... »

Il est temps de mettre fin à cette entrevue. Je lui jette un dernier regard avec de m’éloigner les mains dans les poches. Je sais qu’on va me regarder bizarre sur le chemin qui mène à la maison. Je sais aussi que je vais avoir droit à des questions de la part de Leto et je dois réfléchir à ce que je vais lui dire : est-ce que je vais lui dire la vérité ou est-ce que je vais lui mentir ?

On verra bien.
On verra.