so boring {ft. alekhya}

Distribuer la nourriture aux résidents du camp, ce n'est pas le job le plus compliqué ici mais ce n'est pas pour autant que je m'amuse à le faire. C'est la première fois de ma vie que je dois vraiment travailler mais je n'ai pas l'impression d'être très utile. En même temps, c'est évident qu'ils n'allaient pas me mettre à la surveillance ou au ravitaillement vue comme j'suis doué mais j'ai toujours espoir de devenir un vrai survivant bien badass comme mon frère et mon père un jour. L'espoir fait vivre paraît-il, alors bon... Sauf que voilà, je ne pensais pas que bosser cela signifiait que chaque jour passe et se ressemble. Et j'suis sérieux ! Toujours les mêmes personnes, toujours les mêmes paroles à leurs égards... toujours la même ignorance quand je tente de faire un peu d'humour pour détendre l'atmosphère. A croire que dire aux résidents qu'il faut qu'ils arrêtent de faire la gueule un peu, c'est vexant pour eux !

Une boîte de conserve vide dans les mains, je m'amuse à la lancer et à la rattraper en étant installé sur le comptoir du garde-manger. C'est tôt, il n'y a encore personne qui risque de passer donc personne pour me faire remarquer que ce n'est pas vraiment l'endroit idéal pour s’asseoir. « J'ai faim. » dis-je en jetant un regard à ma collègue à mes côtés. Parfois, je me demande comment elle fait pour me supporter depuis mon arrivée dans le camp parce qu'elle est souvent la première à m'entendre dire tout ce qui me passe par la tête comme on bosse ensembles. « Je donnerai n'importe quoi pour une pizza. » J'enchaîne ces quelques mots avant de soupirer. J'vous jure, je n'en peux plus de manger des boîtes de conserve depuis un an et demi. « Et en plus y a personne aujourd'hui, c'est ennuyant. On doit trouver quelque chose à faire. » Comment ça je passe ma vie à me plaindre ? Bah en même temps, que voulez-vous que je fasse d'autre ! Et sans réfléchir, je jette la boîte de conserve vide vers une étagère où se trouve d'autres conserves sauf qu'apparemment, elles tenaient difficilement en équilibre et je m'en rends compte quand certaines d'entre elles se cassent la gueule sur le sol... par ma faute. Oups. « C'est pas moi. » dis-je en jetant un autre coup d'oeil à ma collègue avec mon sourire le plus innocent possible sur le visage, tout en levant les mains au ciel. Bon, apparemment je ne suis pas fait pour bosser avec de la nourriture non plus.  

Quand ma collègue me fait remarquer mon magnifique strike, je lui fais mon plus beau sourire sans bouger de là où je me trouve. Puis elle me demande si je m'entraîne pour les zombies tout en levant les yeux au ciel et je hausse les épaules. Je n'ai pas l'impression qu'elle m'apprécie vraiment mais bon... Ce n'est pas ce léger détail qui va m'empêcher de croire qu'on s'entend bien. Et même si elle n'est pas dés plus souriante, moi je l'aime bien. « Pas besoin, les zombies je les gère. » dis-je d'un ton amusé et quiconque m'ayant cotôyé plus de cinq minutes comprend que je ne suis pas du tout sérieux. 'Faut se rendre à l'évidence... Mais je me dis qu'il doit bien y avoir pire que moi sur le camp, quelque part. Ouais, ça me permet de me sentir un petit mieux mais je n'y crois pas vraiment, au final. « Ouais, ça m'occupera de toute façon. » Je lui répond quand elle me demande si je compte ramasser et je me lève du comptoir où je suis assis pour me diriger vers les conserves pour les remettre correctement.

Il y a le chien d'Alekhya avec moi et pour moi, c'est un des bons points à bosser avec elle. J'adore les animaux, ça me rappelle qu'il reste des êtres vivants sur cette terre (autre que les humains, bien sûr) et ça me rassure. « Tu pourrais dire à ta maîtresse qu'elle fasse semblant de m'apprécier, un peu. » Oui, je parle au chien et alors ? Je sais très bien qu'il ne me comprend pas et je sais aussi que ma collègue m'entend mais quitte à taper la discussion à quelqu'un, autant le faire à quelqu'un qui ne peut vraiment pas me répondre contrairement à Alekhya. « J'comprends pas, pourtant... Je suis drôle, gentil, adorable, et pas du tout emm... » Alors que je me lance dans mon monologue, le chien part pour rejoindre ma collègue, ce qui me coupe dans mon discours. « Attends, mais j'arrive même à soûler un chien ? » dis-je à haute voix tout en regardant d'un air interloqué le chien, puis sa maîtresse tour à tour. Non mais franchement, vous y croyez vous ? Si même les animaux ne veulent pas m'écouter, alors vers qui vais-je bien pouvoir me tourner ? Il faudrait que j'essaye de revoir le psychologue, tiens. Histoire de tester vraiment mon niveau.