les cendres ☆ La carcasse que tu traînes, que tu entraînes dans cet endroit que tu connais sur le bout de tes doigts. C’est ce que tu dois faire, c’est ce dont tu dois t’occuper. T’as pas la moindre idée de ce qui te tient ici. T’en sais rien. T’as l’impression que t’es là pour la sécurité. Parce que t’es qu’un musicien. Tu dépends des autres depuis longtemps pour survivre, pour pas finir crevé comme le reste de la population. T’as fini par apprendre à te battre, parce que t’as pas le choix. C’est trop dangereux.
Tu te poses, tu te laisses tomber dans la chaise qui traîne dans un coin. C’est ta mission, de pas laisser les autres partir avec les armes. C’est arrivé plus d’une fois qu’ils tentent de te supplier, de passer des conneries pour avoir quelque chose de rassurant. Les cons. Tu le considères comme des cons. Les autres. Tu sais plus t’attacher. Tu sais plus vraiment t’ouvrir aux autres. Parce que t’en vois pas vraiment l’intérêt. T’as trop vu de monde se faire bouffer sous tes yeux, t’as trop vu de monde se faire arracher les membres, se faire dévorer en entier.
La cigarette que tu plaques entre tes lèvres. T’as surement pas le droit, mais franchement, t’en as rien à foutre. De ça. Tu respectes les règles la majeure partie du temps, parce que t’as pas encore envie de te retrouver en cavale. T’as pas le force de te battre. T’as pas vraiment d’espoir. T’aurais simplement voulu savoir qu’il est encore en vie, mais t’en as pas la moindre idée. Ça te hante. Ça te tue à petit feu ce vide dans le fond de tes tripes. C’est en train de te rendre de plus en plus fou et t’arrives pas à faire autrement.
La porte se pousse, t’as la fumée qui te roule contre la langue. Ton regard se pose sur l’inconnu et tu regardes la liste qui traîne. T’as la liste de ceux qui ont le droit d’avoir des armes et t’as pas le droit de déroger à la règle. Ça te plait de rester enfermé ici. T’as pas besoin de parler à personne. T’as pas réellement besoin de socialiser. Déjà que t’es pris au piège dans une maison avec que des nanas. Elles sont en train de te rendre fou. Elles et les conneries. Elles. Les femmes. Les prises de tête, les trucs de nana que tu comprends pas vraiment.
Tu te défais de ta chaise pour t’approcher. Ton regard qui scrute le nouveau venu pendant un moment et tu laisses tes pas se poser dans le sol pour s’approcher de lui. «
C’est quoi ton nom?» Tu prends pas des gants, tu prends pas des pincettes pour parer aux autres. T’es pas ici pour jouer les gentils, t’es pas ici pour faire semblant que tu t’occupes des autres. Ils vont finir pas crever et toi aussi. Alors ça vaut pas la peine. Tu n’y crois plus. C’est plus simple comme ça. T’as ton regard qui observe, qui dévisage pendant un moment. T’attends.