(intrigue) ≡ ernst, iris, duncan, rusty

Les doigts tapotent dans un rythme agacé sur le volant, le regard oscille entre la voiture de devant, la fenêtre et les rétroviseurs. Quelle merde bon sang. Comme si le danger des rôdeurs ne suffisait pas, maintenant fallait aller sauver les camarades kidnappés pas des survivants pas foutus de se démerder seuls. En soi, ça donne une idée précise de la nature humaine. En cas de danger, c'est chacun pour sa gueule. Ça change le quotidien, au moins. Ça faisait bien des semaines que la brune n'était pas sortie du camp. Maintenant qu'elle redécouvrait les extérieurs, elle ne savait plus quoi en penser. Elle était pas contre en buter quelques-uns, zombies ou vivants. Mais si ça devait mal se passer, elle serait aux premières loges pour le massacre. À côté, son camarade s'impatiente. C'est vrai qu'ils ont pas le rôle le plus palpitant. « Personne ne t'empêche de sortir. T'as juste intérêt à courir comme un lapin si tu veux éviter les balles. » Tirer sur tout ce qui bouge. Vu la tension du groupe, l'ordre prenait le pas sur la discrétion demandée. « Mais si on est dans cette bagnole, c'est pas qu'on est les combattants les plus efficaces d'Astoria. » Elle hausse les épaules, roule au pas sur trois mètres avant de marquer un nouvel arrêt. « J'aurais préféré rester au camp. »

Le militaire reste et demeure. Et ce jusqu'à la toute fin de son existence. Quand une jeune femme était apparue ensanglanté au camp ce matin-là, semant la zizanie au sein de cette quiétude routinière, je ne m'attendais définitivement pas à ce que tout le camp parte à la recherche, tous mobilisés pour une poignée de victimes. C'était presque trop beau, toute cette loyauté, cette compassion. Pourtant , pourtant, je ne pouvais m'empêcher de penser que ça fragilisait notre camp, d'envoyer tous ceux qui savaient  se battre. Bien évidemment, je me portai volontaire, comme je me serais porté volontaire pour toutes les missions du monde entier, j'avais l'âme d'un héro, que voulez-vous de plus? C'était bien plus fort que moi tout ça. Iris prit alors  le volant. Je ne la connaissais  pas, mais elle semble sûre d'elle alors je ne m'y opposai pas vraiment. Cet accent, trop familier, cet homme que je ne connaissais que de visage, il semblait vraiment nerveux, plus que tout le monde réunit dans cette voiture.Mon attention se reportai aussitôt sur la jeune femme. Je réprimai un rire d'ailleurs quand je l'entendis faire une référence à un lapin. Il est vrai qu'il valait mieux ne pas prendre de risque dans pareilles conditions.Elle avait osé dire ce que je pensais tout bas... Enfin, jusqu'à ce qu'elle parle de mes compétences. « Parlez pour vous, mademoiselle, je ne suis pas de cet avis. » Je recharge mon fusil de chasse d'un air impitoyable. La jeune femme continue de conduire puis s'arrête. Deux rôdeurs surgirent alors de nul part pour venir attraper le pare-choc arrière de notre véhicule. Je sortis alors le haut de mon corps  par l'ouverture d'une fenêtre et y visai l'un des des rôdeurs. « Tu veux un puant, c'est ta chance, vises bien » disais-je à l'intention de l'irlandais. Je finis par rire doucement « Moi aussi j'aurais préféré rester au camp. » finissais-je alors par avouer .

Ils font une fine équipe, y a pas à dire. Mais malgré ce que l'homme en âge d'être son père lui dit, Iris n'irait tout de même pas parier sa survie que ces trois gars. Elle hausse un sourcil, une épaule. « J'sais me battre. Mais sans offense, en cas de problème j'risque de pas trop compter sur vous. » C'est plus de l'instinct de survie qu'un jugement prématuré. D'un coup d'oeil dans le rétroviseur, la brune peut apprécier un explosage de cervelle dans les règles de l'art. D'un côté, puis, plus lentement, de l'autre. Elle ne retient même pas son rictus. Il a l'air satisfait, semble adorer l'expérience. Mais il lui fait penser à un gosse qui tiendrait une arme entre ses mains pour la première fois. Bien sûr que c'est marrant, que c'est une source de fierté. Ça veut pas dire qu'on va faire un sans faute pour toutes les fois qui suivront. Sourire qui ne dure pas bien longtemps, grâce à l'intervention fabuleuse du dernier homme, qu'elle ne connaît pas. Il tente de rassurer les troupes, de positiver, mais elle n'y croit pas une seconde. Ouais, admettons qu'ils sachent se battre. Ça voulait ni dire qu'ils arriveraient à temps, ni qu'ils seraient foutus de faire quoique ce soit malgré tous les efforts mobilisés. « Oh ouais, on arrivera certainement à temps pour assister au comité d'accueil. Vu le temps qu'on met, et vu la discrétion, ils auront probablement même eu le temps de nous préparer un gâteau avec le glaçage qui va bien. » Le cynisme est morbide mais ne la fait pas même cligner des yeux. Elle soupire, juste, se décide à agir humainement. « J'suis désolée si vous avez des proches qui ont disparus, mais j'la sens pas cette histoire. Ça vaut pas la peine de sacrifier la moitié du camp et si ça doit mal se passer, j'irai pas volontairement me faire massacrer la gueule. » En l'espace de même pas un quart d'heure, elle venait de montrer un parfait guide sur comment se faire des ennemis parmi les amis. Un art.