(izzy) / novembre toute l'année.

the killer within

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(i) Izzy est douce et légère, elle s'envolerait sous la tempête. Le rose et le rouge se glissent sur ses joues et ça lui donne un air de fleur délicate. Elle se laisse porter par son coeur, même s'il sonne vide.  Elle est de celles qu'on remarque mais qu'on oublie, Izzy elle attire l'attention avec son visage d'enfant, mais très vite elle s'efface. Parfois elle arrive à marquer sa présence, elle est là dans les jolis souvenirs, on se souvient d’elle comme d’une plume qui fait sourire. Mais elle est discrète, elle est de ceux qui écoutent, encore plus à présent. Parfois elle rit, raconte une chose ou deux. Il y a des moments où elle préfère écouter le silence, parce qu’elle n'a plus envie de laisser les mots s'envoler, ils lui semblent sans importance, alors souvent ils se dissolvent dans son coeur tout gris. Izzy est une plume qui glisse sur les coeurs, et elle laisse derrière elle des bouts du sien, comme un cadeau. Autrefois, avant tout ça, elle s’attachait aux gens parfois, comme à une bouée de sauvetage, même si elle n'avait pas vraiment besoin d’aide. C’est juste sa façon d’aimer les autres, elle donne sans recevoir mais elle s’en fiche. Aujourd'hui tout le monde a disparu, mais sa douceur est toujours là, elle s'accroche à sa voix toujours apaisante, à ses sourires teintés de gris, et à ses yeux un peu fatigués. (ii) Elle est toujours entre deux mondes, la réalité et puis un coin un peu perdu, où elle s’oublie, disparaît. Izzy parfois se perd dans le passé, proche ou lointain, et semble s'évaporer. Il y a ses rêves mais surtout maintenant il y a son coeur trop lourd de souvenirs. Elle se les remémore comme un vieux film qu'on connaîtrait par coeur après l'avoir regardé encore et encore. Ici elle n'avance pas, elle stagne en attendant que des jours meilleurs arrivent. Est-ce qu'ils arriveront ? Elle n'en sait rien mais elle veut y croire, parce qu'il n'y a plus que ça à quoi elle pourrait s'accrocher. Mais ça semble loin, elle a beau espérer tout ce qu'elle voit c'est ce quotidien répétitif entouré d'angoisse, de peur qui l'étouffe parfois. Alors pour se rassurer elle a ses souvenirs, ils sont lumineux, réconfortants, colorés de douceur et de bonheur, même si elle n'en a plus en stock. (iii) Son visage est toujours celui d'une adolescente, comme si elle avait arrêté de grandir un jour, pour rester comme ça toute sa vie. Quand elle rigole elle ressemble à une enfant, elle continue d'attraper la main des autres comme elle le faisait toute petite. Elle avait l'habitude de rêver, et parfois elle se les remémore, elle pensait qu'ils avaient disparus mais ils sont toujours là, cachés quelque part. Elle a des tonnes de rêves, des petits et des grands, ils décorent son coeur. C’est jamais des rêves trop grand, comme toucher les étoiles, marcher sur la lune, ou faire le tour du monde. Les rêves d'Izzy sont d'une incroyable banalité, ils sont restés ceux d'une petite fille. Aujourd'hui ils ne lui servent plus à rien, dans cette vie sans avenir, mais elle les préserve comme un trésor caché, parce qu'elle garde l'espoir de jours nouveaux où tout ira mieux, même si elle n'a plus personne. (iv) Tous ses rêves elle les faisait pour deux, pour Sullivan et elle. Comme un soleil accroché au ciel d'été, il était là, toujours. Elle lui racontait le soir, les répétait jusqu'à ce qu'ils se réalisent, et même si cela n'arrivait pas ça n'avait pas d'importance, parce qu'elle avait le coeur de Sullivan tout près du sien. Elle se souvient qu'il battait tout doucement et puis parfois s'affolait, tout d'un coup, alors que celui d'Izzy ne tressaute que rarement, pourtant ça ne semblait pas logique, ça ne collait pas avec son calme à lui, son empressement à elle, qui revenait parfois, et elle aimait à se dire que les mécaniques de leurs coeurs, ne pouvaient que fonctionner à deux. Quand les jours ont basculés à la situation d'aujourd'hui, ils étaient l'un avec l'autre et ne se sont pas quittés. Ils étaient seuls au tout début, et puis ils ont rapidement trouvés un groupe de personnes surtout perdus, comme eux. C'était le début de l'épidémie, personne ne comprenait ce qu'il se passait, surtout personne ne savait se méfier ni se défendre, ils ont tous disparus, mordus un à un. Quand il n'a resté plus que Sully et Izzy, ils ont su se débrouiller seuls, se sont cachés surtout, ils pensaient encore alors que la situation serait rapidement sous contrôle, que rien ne durerait. À la recherche d'autres survivants, ils se sont retrouvés presque coincés par plusieurs rôdeurs. C'est en voulant la protéger que Sullivan a été mordu, avant de tomber et d'être emporté. Les images s'accrochent à elle et lui reviennent sans cesse, elles se glissent dans ses cauchemars, au milieu de ses souvenirs. Il a emporté avec lui un bout de son coeur qui ne reviendra plus, elle sent que quelque chose s'est brisé et alors que tout empire, Izzy a perdu sa lumière. (v) Dans son malheur, elle a eu la chance de se retrouver aux portes d'Astoria. Elle ne sera restée que peu de temps au milieu du monde perdu, et au milieu de cette communauté elle a pu retrouver une sorte de stabilité bancale (mais elle a compris que c'est tout ce qu'il restait à souhaiter pour survivre). Elle fait attention aux autres, comme la Izzy d'avant, elle aide autant qu'elle peut, elle tend la main et puis sourit, toujours. Mais malgré ceux qui l'entoure elle a l'impression de n'être entourée que par le silence, y'a des moments où ça la frappe. Tout sonne creux, tout sonne vide dans son coeur et elle se sent terriblement seule. Ça l'angoisse ce vide, parce qu'il semble irréversible, prêt à la suivre pour le restant de ces jours. Sullivan ne reviendra pas, sa soeur n'est peut-être plus là, ses amis, sa famille... Il n'y a plus rien, il n'y a qu'elle et ses couleurs pâles, il n'y a plus de soleil, ni même d'étoiles. Ça lui donne le tournis, et parfois l'angoisse est trop grande, sauf qu'il n'y a plus personne pour la rassurer, Izzy ne peut plus que compter sur ses rêves qui ne suffisent pas à avancer. Elle se demande pourquoi elle continue, pourquoi elle est encore là, mais elle finit toujours par se raccrocher à ses espoirs, puisqu'il n'y a plus que ça, c'est son dernier secours.

weekly appointment

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≡ qui étiez-vous avant que l'épidémie se déclenche ? (elle hausse les épaules) quelqu'un d'ordinaire, je ne sais pas. je viens de Portland, j'y habite depuis presque toujours, mon père voulait retrouver quelques souvenirs là-bas, je m'y suis construit tous les miens. je travaille dans une petite joaillerie, avec monsieur Peters, c'est sa boutique à lui, il y passe ses journées, me raconte des histoires, son histoire, je connais toute sa famille, j'aime bien le regarder travailler, je trouve ça beau ce qu'il fait des pierres, c'est comme de petites oeuvres d'art, c'est plein de délicatesse, il y met tout son coeur... je n'ai rien de spécial, je suis juste quelqu'un qui aime écouter les autres, leurs histoires et puis les fleurs.
≡ comment avez-vous changé depuis le début ? je ne sais pas si j'ai changé, surement que oui puisque tout change autour de nous, alors il n'y a pas le choix, hein ? mais je ne saurais pas dire en quoi, je ne me sens pas différente (juste un peu vide, elle pense, mais les mots restent coincés là, au milieu de ses pensées). j'ai essayé d'aider tous ceux qu'on a croisé, ceux qui nous ont accompagné, comme avant. j'ai essayé de les rassurer, j'ai dit que tout irait bien même si j'en avais aucune idée. j'ai continué à être optimiste, même si c'est difficile un peu.
≡ combien de rôdeurs avez-vous tué ? combien d'humains ? pourquoi ? j-j'ai tué deux rôdeurs. c'était juste avant d'arriver ici, avant ça, je n'avais jamais eu à le faire, il y avait toujours quelqu'un de plus courageux, ou alors on s'en sortait en fuyant, en se cachant... mais sinon j'allais mourir, alors je n'ai pas eu le choix. c'est les seules personnes que j'ai tué. pourquoi faudrait-il tuer des humains, on devrait plutôt s'aider non ? enfin je sais pas, c'est déjà assez horrible comme ça alors...
≡ qu'attendez-vous d'astoria ? un endroit où je pourrai me sentir en sécurité, être entourée d'autres personnes. un endroit où l'on peut se reposer et s'entraider. (elle sourit, tout doucement) c'est beau d'avoir construit un tel refuge, je ne pensais pas en trouver un, je n'y réfléchissais même pas à vrai dire, tout me semblait assez trouble. on a besoin des autres pour avancer, c'est ce que j'espère trouver ici.  
≡ qui avez-vous perdu ? tout le monde. il n'y a plus personne... (sa voix se perd) il y en a que je n'ai pas su retrouver, alors j'espère qu'ils vont bien, je ne sais pas où est ma soeur Mya, mais elle est plus forte que moi, alors surement qu'elle s'en sort. (elle sent ses yeux briller, et puis son nez qui pique) je ne sais pas ce qu'il est arrivé à monsieur Peters, je-j'ai cru l'apercevoir au milieu des rôdeurs avant de m'en aller mais je crois que je me suis trompée. (elle ne peut que se tromper, c'est tout ce qu'elle peut envisager de croire, n'est-ce que pas ?) on avait trouvé un groupe avec Sullivan et puis tout le monde a disparu, il ne restait plus que nous et puis il a voulu me protéger, alors c'est pour ça que je suis toute seule, parce que lui n'est plus là. voilà, il ne reste plus personne... (sa voix se perd encore, et puis elle laisse le silence s'accrocher à son coeur, elle ne cherche pas à sécher les larmes qui commencent à rouler le long de ses joues.)
≡ quel(s) espoir(s) vous reste-t-il ? j'espère que demain sera un jour meilleur, ou en tout cas que tout ira bien, malgré tout ça. si ce n'est pas demain, je crois que ce jour arrivera, que tout s'arrangera, et comme ça je pourrai retrouver Mya, et puis tout le monde pourra se reconstruire une vie. je n'ai plus que ça, plus que des rêves et des espoirs, sinon ça ne sert à rien de continuer.