Rechute vers nos démons...

Dans un monde meilleur, mon cas pourrait s'améliorer, cependant ce n'est pas le cas ! Mon coeur est mieux, mais ma tête est tourmentée. Depuis un certain temps, j'ai l'impression de revivre mon passé, comme si le Hunter sombre revenait tranquillement. J'ai des idées noires dans la tête, je me surprends à rester seul et en retrait, car... La moindre personne, moindre animal, moindre geste qui ne me plaît pas... J'ai envie de tous les tuer un après les autres !! Toutefois, je tiens le coup... Pourquoi ? Puisque, j'ai rencontré une femme qui me ressemble et que cela m'aide un peu.

La lune est déjà bien haute dans le ciel, les étoiles qui parsèment ce voile de nuit m'emporte loin et même très loin. Assit dans l'herbe contre un arbre, j'attends sa venue... J'attends Megan avec qui j'ai créé un lien particulier. Un couteau à la main, je le tourne et tourne encore dans ma paume sans que je ressente la douleur de cette lame tranchante qui dangereusement pourrait me couper. Cependant, cela n'est qu'un jeu pour moi et on ne sait jamais... Il pourrait me servir ? Non arrête de penser ainsi... Je fronce les sourcils et le jette plus loin dans l'herbe et n'ose même pas le regarder. Bon sens, qu'est-ce qui m'arrive ? Moi qui croyais être sur le bon chemin.

Lorsque j'entends les pas de la jeune femme s'approcher de moi, j'essaye de cacher mon angoisse en lui prenant la main pour la forcer un peu à s'asseoir. Un doux sourire s'accroche sur mes lèvres et tournes mes yeux vers les siens.

-Et si on partait d'ici tous les deux ?   Dis-je simplement d'une voix calme. C'est spontané comme réponse ? Un peu... Je suis complètement perdu. Qu'est-ce qui nous attend de l'autre côté ? Un monde fait pour nous. Megan n'est pas si différente de moi, je ne connais pas vraiment tout de son histoire, mais je sens qu'elle est en partie comme moi.

Le paraître. Se fondre dans la masse. Sembler inoffensif. Réapprendre à être civilisé. Megan avait du mal à retrouver ne serait-ce qu'un semblant de vie en société. Le fait de passer deux ans à l’extérieur, se battant pour sa propre survie et être confronté à la monstruosité de l’Homme envers l’Homme, la jeune femme ne pouvait pas en sortir indemne. Elle avait beau faire tous les efforts du monde pour s’intégrer à Astoria, pour son petit frère, mais cela semblait en vain. Cette part d’ombre qui dominait désormais son cœur et son âme ne s’estomperait jamais. Elle avait enduré et fait certaines choses qu’elle n’osait parler à quiconque ici. Puis il y a Hunter. Cet homme qui semblait partager les mêmes instincts. Un peu comme son propre reflet sombre.  Megan était fatiguée de jouer un rôle, de se taire. Et au moins, il la libérait, l’extériorisait tel qu’elle était. En pleine nuit, quand la maison était endormie, elle s’éclipsait dehors pour aller le rejoindre au parc. Malgré sa discrétion en avançant d’un pas léger, Hunter l’entendit au loin et une fois à sa portée, il tira sur sa main pour l’asseoir à ses côtés. Un petit sourire se dessinait sur les lèvres de la demoiselle tandis qu’elle observait quelques instants les étoiles. Une chose anodine mais cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas contemplé ce spectacle. « Et si on partait d'ici tous les deux ? » Lançait spontanément et calmement Hunter.

« Si seulement ça pouvait être aussi simple… » Murmurait-elle en passant l’une de ses mains dans ses cheveux bruns. Les mettant en arrière, Megan en profitait également pour basculer sa tête et prendre une grande respiration. Ces murs l’étouffaient, elle se sentait plus en insécurité à l’intérieur plutôt qu’à la portée de ces rôdeurs. Sa main glissait le long de sa nuque, signe de nervosité. Elle rejetait mollement l’oxygène qu’elle venait de prendre puis vint passer sa main dans sa botte haute pour en retirer une arme qu’elle cachait soigneusement, depuis qu’elle l’avait récupéré au marché noir. Elle venait jongler avec le poignard en toute maîtrise de son art. Sa lame aiguisée glissait entre le dos de sa main et sa paume sans pour autant se blesser. Son regard était fixé sur ses mouvements comme pour faire abstraction du monde qui l’entourait. Elle était seule, pleinement focalisée sur ses gestes. Soudain, d’un coup sec, elle le lançait pour venir le planter dans le sol, dans la terre du parc. « Ca me détend de faire ça… » Ajoutait-elle, en baissant la tête vers son arme. Il lui rappelait tant de souvenirs, en particulier celui de cet homme qui lui avait offerte et qu’elle avait trahi. Cet homme à qui elle devait sa survie, la brune l’avait pourtant abandonné. Peut-être est-ce dû à l’ambiance, mais elle commençait, contre toutes attentes, à regretter amèrement son départ même si elle ferait tout pour son petit frère.