the night (pv)

Je n'ai pas vu passé la journée. Tant mieux dans un sens. Cela me permet de ne pas trop penser. Je me fonds ainsi dans mes tâches quotidiennes sans trop de difficultés. Observer, diagnostiquer, soigner, assister, nettoyer. Des tâches répétitives, qui me font oublier pourquoi je suis là. Pourquoi les gens avec qui je vis sont ici. Mais lorsque j'estime trop sombrer dans une forme de noirceur, je reviens aussitôt à la lumière (comme j'aime le dire).

La journée se termine. Je vais chercher Jackson à l'école et je rentre avec lui. Il me parle de sa journée, limite en sautillant. Il me pose quelques questions sur la mienne, si j'ai soigné des gens ou bien encore sauvé des vies. Les tâches quotidiennes s'enchaînent ensuite. Sauf que je ne suis plus seul. Jackson est là. Kelly finit par être là aussi. Sans s'en rendre compte, on finit par dîner puis on envoie le petit se coucher.

Douches, puis c'est à notre tour d'aller nous coucher. Sauf que je ne dors pas encore au bout d'une heure. Je suis allongé dans le lit, mon homme à mes côtés. Le regarder quelques secondes, même dans le noir, me donne des idées. Je me redresse un peu et m'approche de lui, tout en douceur. Comme un prédateur sur sa proie presque ... Je l'embrasse doucement sur sa barbe puis ses lèvres. Je tente le tout pour le tout en venant à califourchon sur lui. « Tu dors ? » demandais-je dans un murmure.

Ma relation avec Kelly a débuté par le sexe, pour finir sur quelque chose de plus sérieux. Mais cela a toujours été important pour nous, une sorte de " ciment " de notre couple. Avant l'apocalypse, on devait le faire quotidiennement. Au tout début même, ça nous arrivait de nous voir deux fois par jour, juste pour le faire. Pendant une pause-déjeuner par exemple.

Nos priorités ont changées au moment de l'apocalypse mais, vu que nos vies retrouvent une forme de normalité, nous reprenons nos activités de couple. Et ce soir, j'en ai envie. « Tant mieux alors, j'avais peur de devoir te réveiller. » dis-je avec un petit sourie. Bien sûr, je me doute parfaitement que j'ai réveillé Brennan, mais je fais comme si de rien n'était. Je sens alors ses mains dans mon dos, tandis qu'il répond à mes baisers.

« Après tout, on n'a rien fait depuis avant hier. » Cette fois, je parlais de façon plus coquine. Je retire mon tee-shirt et me trouve torse nu. En même temps, mon corps se montre très entreprenant, en se frottant à celui de mon compagnon, afin de réveiller sa libido. Puis, je viens lui murmurer à l'oreille ce que je veux qu'il me fasse. En gros, ça commence par bai- et se termine par -se.

Même si Kelly et moi, nous ne sommes pas mariés, nous avons des devoirs conjugaux à réaliser. Et notre plaisir sexuel en fait partis. C'est d'ailleurs l'un des devoirs que l'on réussit le mieux et depuis le début. Brennan sait en plus quoi faire et comment le faire pour convenir à mes pulsions. Celles de ce soir étaient claires de toutes façons. Les mains et les doigts de mon hommes parcouraient ma peau nue et me donnèrent des frissons. Je ne me formalisais pas des marques qu'il touchait, j'ai finis par m'y habituer. Mes lèvres continuèrent, elles, d'embrasser les siennes ou sa nuque. Quand à mon bassin, sa mission était claire : faire durcir mon compagnon.

Sauf que ça n'allait pas être pour ce soir. On entendit des pleurs venant de la chambre de Jackson. On s'immobilisa, attendant qu'ils s'arrêtent. Je me disais " faites qu'ils s'arrêtent, je veux baiser ce soir ". Sauf que ça ne sera vraiment pas pour ce soir. On entendit des pas et des reniflements. On a gagné un invité supplémentaires dans notre chambre, à Kelly et moi. La porte s'ouvre tandis que je descends de Brennan. Je vois alors mon neveu, en pyjama, tenant sa peluche Ewoks. Il ne dit rien, je ne dis rien. Puis, je lui fais signe de la tête pour nous rejoindre.

Sans plus attendre, il court presque pour monter ensuite sur le lit et se mettre entre le brun et moi. Sauf qu'il était particulièrement proche de Kelly. Il se calma aussitôt, serra son Ewoks contre lui et ferma les yeux. Il faut croire que c'est son autre oncle qu'il voulait et pas moi. Je m'allonge et regarde Jackson se calmer et s'endormir.

La scène que j'assiste est familière. Jackson venait de faire un cauchemar et cherchait du réconfort auprès de Kelly et moi. Sans nous en rendre compte, mon petit-ami et moi étions devenus ses parents et agissons de la sorte. Je laisse mon neveu nous rejoindre et ce dernier vers vers Kelly. Je dois avouer que cette scène m'attendrit un peu. Après tout, mon neveu s'attache et considère Brennan comme sa famille, autant que moi. D'un autre côté, ce genre de choses se manifeste dans cette situation précise.

Je finis par m'allonger à nouveau et pose une main sur le plus jeune de notre trio. Doucement, sa respiration se calme, ses larmes disparaissent et il s'endort. Kelly et moi restions silencieux. Je prends sa main dans la sienne et regarde mon neveu. Puis lui. J'ai conscience que cette scène est récurrente. Comment ne pourrait-elle ne pas l'être, avec ce qu'a vu cet enfant en moins d'un an ? Mais je ne sais pas quoi faire alors que c'est de ma responsabilité. Parfois, je me dis que j'ai déjà du mal à m'occuper de moi-même. Alors d'un petit garçon, bien qu'il soit débrouillard ...

« J'aimerais. » finis-je par dire. « Mais je ne sais pas quoi faire pour qu'il aille mieux. » À part l'accueillir quand il pleure et lui offrir autant de normalités que peut avoir notre monde actuellement. Sans oublier la " famille " particulière que nous formons Kelly, Jackson et moi. Mais ce n'est peut-être pas suffisant ...