(intrigue) ≡ io, james, cain

Pas revenus. Disparus. Une semaine sans la moindre nouvelle de la troisième équipe de ravitaillement. Alors on s'imagine le pire. On s'imagine qu'ils ont été pris par surprise par une horde de rôdeurs et qu'ils n'ont pas survécu. On s'imagine que c'en est terminé pour eux, comme pour beaucoup d'autres, mais ça fait beaucoup d'un seul. Beaucoup de personnes perdues d'un seul coup. Pas que je sois particulièrement proches d'eux mais ça n'est pas moins triste, pour leurs proches en tout cas ça l'est. Et moi ? Je fais profil bas, comme je le fais depuis que suis sorti de quarantaine. J'essaye de retrouver ma place au sein du camp et c'est loin d'être facile. Heureusement, il y a Cecil. Il est mon fil rouge, mon fil conducteur même s'il ne s'en rend sans doute pas compte. Alors je m'y accroche et je continue, comme j'ai toujours continué. C'est encore plus difficile aujourd'hui après tout ce que j'ai compris, après tout ce que j'ai réalisé, mais je continue. J'ignore combien de temps je vais pouvoir mais je continue. Et les autres apprendront à continuer, ils apprendront à vivre avec l'absence des leurs comme on l'a tous fait. Sauf que l'espoir renaît quand Soledad arrive au camp. Elle est seule, elle est dans un piteux état, mais elle est là et le couperet tombe : attaqués, enlevés, séquestrés. Les esprits bouillonnent et en très peu de temps, un plan est décidé pour aller les sortir de là.

Et je fais partie de ce plan, à ma plus grande surprise. Ils se disent sans doute qu'ils n'ont pas trop le choix, que je suis bon avec un fusil et que je pourrai être utile, ce que je compte être. Je laisse cependant à contre cœur Cecil derrière moi au camp : je n'aime pas l'idée de partir si loin, pour je ne sais combien de temps mais il le faut. Il faut qu'on les sorte de là. C'est donc anxieux que je prends le volant à la suite de la première voiture de notre « cortège » aux côtés d'Io et de James. James, je la connais. Je lui ai filé un coup de main à l'extérieur y'a quelques temps de ça et en retour, elle m'a soigné comme j'ai été blessé mais après ça, elle a filé avec les autres. Je leur en ai pas voulu : j'aurais sans doute fait la même chose à leur place. J'ai été plutôt content de la revoir saine et sauve. Io, par contre, je ne la connais pas. La seule chose que je sais d'elle c'est qu'elle est muette. De naissance ? Je n'en sais rien, je n'ai jamais demandé. Nous voilà tous les trois dans la voiture, le silence est bien installé, il est pesant. Je ne cesse de penser à Cecil qui est resté au camp. Je vois soudain Io « s'agiter » un peu et je la vois écrire un petit mot qu'elle tend finalement à James à laquelle je jette un regard depuis le rétroviseur. Je réfléchis un instant à la situation, aux risques...

« Je vous préviens, si jamais ça dégénère, je vous mets à l'abri. »

Allez savoir d'où ça sort mais je considère qu'elles sont ma responsabilité. Sans doute parce qu'elles sont jeunes toutes les deux.

« Et si jamais je me retrouve coincé ou peu importe, si on doit être séparés, essayez de rester ensemble toutes les deux. James, faudra pas que tu quittes Io, d'accord ? »

Un regard en biais à la concernée. Elle a beau avoir son sifflet avec elle, son mutisme est un sacré handicap à l'extérieur et un sacré danger pour elle. Est-ce que je serais en train de devenir quelqu'un de bien ?

Pour le coup, ce serait un sacré changement...