(intrigue) ≡ dylan, finn, odd

Les jointures de ses doigts blanchissent sur le volant de la jeep. Ses dents grinceraient presque tant sa mâchoire est crispée. Fynn a le regard braqué sur le chemin devant eux, en pilote automatique, il suit le convoi, ralenti quand c’est nécessaire avec le pied effleurant fébrilement l’accélérateur, prêt à décamper. Il n’a pas envie d’être là. Mais il ne pouvait pas non plus rester là-bas, à attendre. Son allure déterminée et concentrée ne faisait que cacher la panique qui empoisonnait son être. Il n’était pas prêt à être dehors. Mais ça, ils ne pouvaient pas le savoir. De savoir ces rôdeurs autours et les autres dehors à les éliminer un par un. Il se devait d’être là, quand ils remonteraient. Mais quand il ralentissait, entendait les deux autres se battre autour de lui, il se souvenait de ses propres batailles et de ses morts. Raven et Odd sont dehors, la radio grésille, Fynn s’énerve. « Faut qu’on y aille ! » Hurle-t-il. Parce que les autres avancent. Parce qu’il sera plus rassuré de les savoir dans la voiture. Parce qu’il aurait mieux fait de rester chez lui, pour ce coup-ci. Serrant son tournevis contre sa cuisse, il lance des regards alentours pour guetter un rôdeur qui s’approcherait de trop prêt. En réalité, il ne sait pas ce qu’il ferait s’il devait se battre. Il n’était pas prêt. Mais personne ne savait. Au camp, les gens le voyaient comme l’homme à tout faire, souriant, charismatique, mais pas très débrouillard avec une arme en main. Et pour cause, il avait volontairement foiré toutes les mises à l’épreuve qu’on lui avait demandées de faire. Personne ne croyait en ses capacités de combat, et pourtant il en avait la carrure. Mais dans ces moments-là, on ne se demande pas ce qu’on fera devant le fait accompli, on suit son instinct. On survit. Comme il a toujours fait, en réalité. Il ignore juste qu’il en est capable. Encore.

at death's door

J'étais là depuis août 2015. J'étais devenue la secrétaire du psychologue et grâce à cela j'ai pu voir presque tout les habitants d'Astoria. Quand un nouveau arrivé, il passait forcément par moi avant de voir Warhol. Je gérais son planning et ce rôle me convenait parfaitement. Lors de mon entretient avec lui à mon arrivée, il s'était dit que l'équipe de ravitaillement était fait pour moi. Voyez-vous, avant l'apocalypse, j'étais voleuse. La presse m'avait surnommé « Le Corbeau ». Quand l'épidémie à tuer une majeur partie de la population et l'avait transformé en zombie, j'ai abandonné mon prénom Amberle au profit de Raven. C'était la seule chose qui avait changé vraiment chez moi. Les quelques mois que j'ai passé à l'extérieur m'ont prouvé que je n'étais pas faite pour ce nouveau monde. J'étais incapable de tuer, que se soit un mordeurs ou un autre survivant. Je ne pouvais pas. J'ai bien tuer deux personnes tout au début pour me sauver, mais c'était la seule fois. Alors, quand ce psy m'annonça que j'étais faite pour faire du ravitaillement, mon sang s'est glacé. Je ne voulais pas retourner dehors, je ne voulais pas être à nouveau en face d'un rôdeur, ni d'un survivant psychopathe. Alors j'ai réagis, subtilement, je lui ai dis que je serais plus utile pour autre chose, que les autres ne me faisaient pas assez confiance à cause de mon passé. Que je devais d'abord prouver ma bonne volonté et ainsi de suite. J'ai donc réussi à le convaincre et il me donna le poste de secrétaire. C'était parfait, il n'y avait personne pour ce job jugé trop ennuyeux. Je le pris et me voilà partie pour de folle journée derrière un bureau à m'occuper des dossiers des habitants d'Astoria. J'étais donc la troisième personne à être au courant de tout, sur tout le monde.

Puis, il y a une semaine, un groupe de ravitaillement disparaît. On a plus aucune nouvelle d'eux. Ici, on avait l'habitude de ça, les groupes qui sortent ne reviennent jamais au complet et sinon c'était un miracle. Alors tout un groupe, ça ne choquait plus personne. Seulement, dans le lot, il y avait aussi le leader des approvisionneurs. Margot avait disparue avec son équipe et les gens qui leur étaient proches ont souffert de leur disparition. Quand soudainement à membre est réapparut par magie. Soledad était encore en vie, elle avait réussi à échapper aux griffes du camp d'Echo, nos chers voisins. Ainsi commença mon cauchemar. On me donna l'ordre de partir dans une voiture affronter le camp ennemi. Comme si j'avais l'air d'une guerrière ! Devant tout le monde, je ne pouvais cependant pas protester, alors j'ai gardé le silence. Je vais devoir prendre sur moi. Le pire dans tous ça, c'était que je faisais partie d'une des voitures en charge d'éliminer les zombies sur la route. Je n'en avais jamais tué jusqu'à présent. Cela me répugne bien évidemment, mais ce n'était pas là le problème. Je comprenais parfaitement qu'ils n'étaient plus des humains et qu'ils ne redeviendront plus comme avant. Mais je n'étais jamais obligé de les tuer. Je me tenais à l'écart d'eux.

Me voilà donc embarquer pour un cauchemar sans nom. Réprimant l'envie de vomir, je poussais les rôdeurs dans le bas côté et leur fracasser le crâne avec mes piolets que je n'avais plus touché depuis m'en entrer à Astoria. « Dans quel pétrin me suis-je encore fourrée. » Marmonnais-je tout bas en repoussant un asthmatique. J'aurais du insister pour rester au camps, mais avec Octavia, on ne négocie pas. On ferme sa gueule et on obéit. Alors c'est ce que je fais, même lorsque Fynn hurla dans la bagnole de revenir, je ravale ma fierté et je fais ce qu'on me dit. Assise à côté de lui, je l'observa un instant. Lui aussi, il n'avait pas très envie d'être là. Au moins, je me sentais moins seule. « Quelqu'un veux une clope ? » Lançais-je à tout hasard en sortant un paquet de la boite à gant que j'avais mis au tout début de l’expédition.

Les autres mettent le temps, mais finissent par rentrer dans la Jeep rapidement. A quoi ça ressemble dehors ? Il ne veut pas savoir, il aime mieux les voir en sécurité. Les autres derrière n’auront qu’à achever le boulot. Ils ne devraient pas trop s’éloigner. Ils ne savent pas ce qui les attend plus loin. Il n’avait pas plus envie d’être hors du camp que les autres, sans doute. Mais maintenant qu’ils y étaient, Fynn tenait réellement à ce qu’ils rentrent tous les trois en vie. Ne serait-ce que pour ne pas avoir une mort de plus sur la conscience. De ne pas en être responsable. A nouveau. Alors certes, il restait des rôdeurs, mais une autre équipe balayait derrière … et tous les tuer reviendrait à dresser un camp sur place pour nettoyer la zone pendant des jours. Il n’y tenait pas le moins du monde. Raven fut la première à monter sur le siège passager. Tendue et alerte, la jeune femme a mauvaise mine. Compréhensible. Il aurait peut-être dû lui passer le volant et proposer d’échanger les rôles qu’on leur avait attribués. Mais cette idée lui était vite passée. Il aurait été plus qu’un boulet qu’autre chose, dehors. Il sent son regard sur lui, quelques instants, mais à peine Odd grimpa à bord qu’il mit pied au plancher, les secouant tous les trois au passage. Conduisant nerveusement, il roulait beaucoup trop vite. Vraiment trop vite. Alors quand Raven lui proposa une clope, il lui jeta un regard noir. « C’est pas vraiment le moment. » Odd répondit à son tour, et Fynn lui jeta un coup d’œil dans le rétroviseur. Il ne les connaissait pas, tous les deux. Mais le pêcheur dégageait une force tranquille qui calma un peu Fynn. « Vous puez tous les deux. » Il jeta un coup d’œil en biais à Raven et osa un sourire hésitant. « Et vous faites peur à voir… » Essayant de se détendre lui-même, ses épaules se détendent imperceptiblement. « Dire qu’on a lavé la voiture hier, j’peux bien m’y remettre en rentrant. Rah j’vous jure… » Il essayait, mais le cœur n’y était pas vraiment. Il fixa à nouveau la route, la mâchoire crispée. Il n’avait pas envie d’être là. Mais ça tombait bien, eux non plus.